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Hans Knudsen fait une démonstration de téléphotographie par voie hertzeinne (Londres, 28 avril 1908)
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Hans Knudsen avec l'émetteur et le récepteur de son appareil de téléphonotagraphie sans fil (Illustrated World, August 1808)

L'ingénieur danois Hans Knudsen s'était fait connaître en 1899 avec une voiture voiture appelée Liquid Air. Son invention n'a pas trouvé beaucoup de preneurs et l'entreprise a été mise sous séquestre en 1901, mais Knudsen a quand même présenté la voiture lors d'un salon automobile de Londres en 1902. 

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Le 28 avril 1908 Hans Knudsen organise une conférence de presse surprise à l'hôytel Cecil de Londres. Il y annonce deux inventions : un appareil de linotypie à distance et un système de téléphotographie par voie hertzienne. Quatre jours plus tôt, Knudsen avait déposé une demande de brevet britannique Improvement in Typesetting Machines qui sera acceptée le 1er avril 1909. Le 4 novembre 1908, il déposera une demande de brevet britannique Improvements in Wireless Facsimile Telegraphs. qui sera acceptée le 4 janvier 1910.

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Knudsen annonce que la machine de linotypie fera l'objet d'une démonstration dans quelques semaines. Il affirme qu'une première machine a déjà permis de transmettre 3000 mots en une heure. Il promet que bientôt les correspondants de presse pourront envoyer directement leurs textes aux journaux de New York à travers les opérateurs Marconi.

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Durant sa conférence de presse, Knudsen a fait la démonstration de l'envoi par voie hertzienne de photographie du Roi Edouard VII et de la Reine Alexandra ainsi que de l'Empereur Guillaume II. Les transmissions étaient faites depuis une chambre attenante et les portraits tout à fait reconnaissables.

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Hans Knudsen

Source : Illustrated World, January 1909)

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L'automobile Liquid Air de Hans Knudsen (1902)

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Portrait du Roi Edouard VII transmis en douze minutes par le système Knudsen (à gauche dans London Illustrated News, 9 May 1908, à droite dans Illustrated World, August 1800).

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L'émetteur de l'apppreil de téléphotographie sans fil de Hans Knudsen

(Source : Illustrated World, August 1908)

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L'émetteur de l'apapreil de téléphotographie sans fil de Hans Knudsen

(Source : Illustrated World, August 1908)

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Le récepteur de l'appareil de téléphotographie sans fil de Hans Knudsen

(Source : Illustrated World, August 1908)

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Le récepteur de l'appareil de téléphotographie sans fil de Hans Knudsen

(Source : Illustrated World, August 1908)

Knudsen affirma qu'il pouvait envoyer des images là où Marconi envoyait des messages. "Dans peu de temps, je pourrai envoyer des photos de criminels et des empreintes digitales d'Angleterre vers New Yorek" 

 

Description de l'appareil d'après le brevet

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La photographie etc. à transmettre est obtenue sur une surface rugueuse et lisse en saupoudrant de la poudre sur une plaque de gélatine, et un stylet se déplaçant sur cette surface établit et rompt le contact en un point du circuit d'un relais d'un appareil de transmission sans fil. Au poste de réception, une plaque recouverte de noir de fumée se déplace en synchronisme avec la plaque de transmission et est marquée par un stylet fixé sur un diaphragme téléphonique, qui est actionné par les impulsions reçues à travers un circuit de relais. L'image en noir de fumée est fixée sur la plaque en l'aspergeant d'une solution de celluloïd dissoute dans de l'acétone.

 

Les figures 4 et 5 sont des représentations schématiques des appareils de transmission et de réception respectivement. Lorsque la plaque g se déplace sous le stylet a, ce dernier ferme le contact h dans le circuit de la batterie j et de l'enroulement primaire de la bobine d'induction k. L'enroulement secondaire de la bobine k est relié à l'éclateur n. Les impulsions reçues dans le conducteur 41 actionnent le cohéreur 64 et complètent un circuit de la batterie 75 à travers l'enroulement magnétique 36 pour amener le stylet 30 à marquer la plaque 31. Lorsque la plaque émettrice g atteint la fin de son rayon vers la droite, la saillie 16 ferme le contact 18 et amène ainsi l'aimant 20 à verrouiller le mécanisme d'entraînement de la plaque. La plaque réceptrice 31 est verrouillée de la même manière. Quelque temps après le verrouillage des plaques, le bras 22 entraîné par l'horloge ferme le contact 24, rompant ainsi le contact 18 et libérant le mécanisme d'entraînement, et amenant également l'aimant m à fermer le contact 28 et à envoyer une impulsion de synchronisation à la station réceptrice. Cette impulsion passe à travers le cohéreur 38 et libère le mécanisme d'entraînement de la plaque au niveau du récepteur, mettant en même temps le cohéreur 64 en circuit pour recevoir des impulsions. L'appareil récepteur peut être constitué par un obturateur entre une source lumineuse et un film photographique. Une vue en plan de l'appareil d'entraînement des plaques g, 31 est représentée à la figure 3. Un pignon t entraîné par un moteur s'engrène avec la crémaillère s, à laquelle sont fixés des bras A, B pivotants en E, F et ayant des engrenages dentés en G, H. Les pivots E, F sont dans l'axe du pignon t, des traverses V, et des ressorts J, K pressent la crémaillère contre le pignon.

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Illiustrated London News, 9 May 1908

Deux inventions sans lendemain

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La conférence de presse de Knudsen a eu un retentissement important dans la presse anglo-saxonne. Dès le le lendemain, le New York Times lui consacrait un long article. De nombreux quotidiens et quelques magazines, dont Scientific American,  ont salué une nouvelle merveille. En Allemagne, le Münchner Neuste Nachrichten,  (11.5.1908), citant le quotidien danois Politiken, signale l'intérêt des éditeurs de presse britanniques et l'éventualité de la constitution d'un syndicat anglo-américain pour exploiter l'appareil. En France, l'accueil a été beaujcoup plus restreint : seul la presse régionale a mentionné l'événément en soulignant que la démonstration de la linotypeuse à distance devait intervenir dans quelques semaines. Cette démonstration n'a probablement jamais eu lieu. Mis à part deux longs articles détaillés de Cecil  Bemridge dans le magazine Illutrated World, il n'y a plus eu d'écho dans la presse et les appareils n'ont jamais été adoptés.

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Thomas Thorne Baker, qui va devenir un des auteurs de référence de la téléphotographie et de la télévision dans les années 1910-1920, mentionne dans son ouvrage Wireless pictures and television (1927) qu'il a fait quelques transmissions en 1910 suite à la démonstration de Knudsen.

 

Korn et Glatzel, dans leur Handbuch der Telephotographie und Teleautographie (1911) ne font que mentionner l'appareil de téléphotographie.

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Cependant, divers auteurs vont mentionner la démonstration de Knudsen comme la première expérience réussie de transmission d'image par voie hertzienne, ignorant visiblement celle de Clarke en 1901. C'est ainsi le cas de T. Thorne Baker (1910, 1927), Martin (1915, 1919), Radio News (1922), Dunlap (1932), Slurzeberg et Osterheld (1945), Lichty (1975) ou encore, plus récemment Herbert (2004) et Galilli (2022). 

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Curieusement, l'expérience n'est pas citée par les principaux historiens de la téléphotographie et de la télévision.

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Bibliographie

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André Lange, 28 décembre 2024, 11 janvier 2025

La description de l'appareil par Cecil Bemridge

 

Le journaliste Cecil Bemridge a rendu visite à l'inventeur et a complété la description (Cecil Bemridge, "Sending Pictures by Wireless", Illustrated World, August 1908, 649-654)

 

"Le processus Knudsen est accompli uniquement par des moyens électriques et mécaniques, et l'effet
qui en résulte ne diffère pas de ceux obtenus par les cellules au sélénium dans une mesure considérable, tout en ayant l'avantage distinct d'être à la fois plus simple et plus rapide. (...). Comme vous le constaterez, il n'a pas de détails compliqués et comprend en fait un nombre réduit de pièces intégrales, de sorte que la possibilité d'une panne soudaine est très faible. Aussi bien l'émetteur que le récepteur sont montés sur de petits piédestaux creux rectangulaires semblables en apparence à la caisse de résonance d'un phonographe et mesurant seulement environ deux pieds carrés. Ceux-ci contiennent la bobine, le mécanisme d'entraînement de l'horloge, le cohéreur et d'autres détails et connexions électriques. Les couvercles des boîtes portent deux petites tables sur lesquelles les plaques sont serrées, et qui se déplacent de manière synchrone dans deux directions horizontales, longitudinalement et latéralement. Dans cette installation particulière, des images jusqu'à cinq pouces de long sur quatre pouces de large peuvent être traitées, mais il n'y a pas de limite à son action. car il s'agit simplement d'augmenter lesdimensions de la table pour s'adapter à la taille de l'image à traiter. En fait, M. Knudson était occupé, au moment de ma visite, à appliquer les finitions et à mettre au point une installation plus grande qui est conçue pour traiter des images jusqu'à 30 cm delongueur sur 25 cm de largeur.

Au-dessus de la table mobile portant l'image à envoyer s'étend une fine bande d'acier souple convenablement soutenue à chaque extrémité par des vis réglables. Cette longueur d'acier constitue en réalité un ressort très résistant et sensible, dont la tension peut être réglée facilement et rapidement à une extrémité par une vis. Du centre de ce ressort dépend un cône d'acier inversé finement équilibré, dont le sommet orienté vers le bas fait saillie un levier léger portant une pointe d'acier très fine qui se déplace sur la surface du tableau sur la table mobile. Au-dessus de la base de ce cône d'acier, et séparé de celui-ci par un espace pas plus grand que l'épaisseur d'un morceau de papier, se trouve un contact électrique. Maintenant, du fait que le cône et son aiguille dépendent du ressort d'acier, il vibre toujours, mais pas suffisamment pour frapper le contact électrique au-dessus. Cela ne se produit que lorsque l'aiguille, en passant sur une partie surélevée du tableau qui est spécialement préparée à cet effet, se soulève de manière appréciable. Ensuite, le contact est formé, la connexion électrique est établie et l'impulsion passant à travers la bobine et les trois boules d'étincelles représentées à l'arrière de l'instrument vers l'antenne et est envoyée lors de son passage dans l'air.

 

L'instrument récepteur ne diffère que par ses détails particuliersde l'émetteur, dont il est par ailleurs une copie dans sa conception générale. Il y a la table portant la plaque sur laquelle l'image doit être enregistrée et qui se déplace d'avant en arrière et en avant en sympathie avec la table de l'émetteur. L'impulsion électrique qui arrive passe dans un relais très sensible auquel est attachée une aiguille délicate qui oscille normalement au-dessus de la plaque en dessous. La réception de l'impulsion appuie cette aiguille sur la plaque de sorte que sa pointe perce le film dont elle est recouverteen laissant un espace très réduit de verre clair.


L'image à transmettre doit d'abord être spécialement préparée pour l'instrument et cette opération préliminaire constitue en réalité la partie la plus vitale de tout le processus, car de cela dépend le succès de l'illustration reçue à l'autre extrémité. Le portrait qui est une épreuve positive, une image, un graphique, écriture manuscrite, dessin au lavis, crayon, croquis ou autre, est photographié à travers un écran de verre. Celui-ci est régulé par un certain nombre de fines lignes en forme de croisillon d'une moyenne d'environ cinquante par pouce, mais ne s'étendant qu'en ligne droite sur la plaque. Celui-ci est régulé par un certain nombre de fines lignes en forme d'araignée d'une moyenne d'environ cinquante par pouce, mais ne s'étendant qu'en ligne droite sur la plaque. Cette phase du processus est en faitt très proche de la préparation d'un bloc de demi-teintes, mais avec cette distinction saillante - les lignes ne courent que dans une seule direction à angle droit. Le résultat est que le négatif ainsi préparé présente l'illustration divisée en un certain nombre de points fins s'étendant en lignes droites, mais si rapprochés les uns des autres qu'ils forment presque une ligne continue, dont la densité varie en fonction des gradations des tons. À partir de ce négatif, une plaque positive ou transparence, comme on l'appelle dans les milieux photographiques, est ensuite préparée, le film utilisé étant du collodion.

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Ici, l'effet de point est toujours conservé, mais  la surface du film est rugueuse en raison de la projection des points, l'étendue de cette saillie variant selon si les points représentent le sombre ou les parties graduées de la photographie originale. Les premiers, n'étant pas affectés par le rayon de lumière actinique, restent insolubles au cours du développement, c'est à dire que le film est plus épais que les autres parties. Par contre le plus léger et les parties les plus claires étant solubles ont été assez rongés par le produit chimique en solution laissant le verre presque transparent et sans points, tandis que ceux correspondant aux parties ombrées ou toniques sont de hauteurs variables.

 

Encore une fois, dans les parties denses du positif les points sont assemblés très étroitement les uns aux autres, les zones de gradation les éloignent davantage. Cependant, en même temps, le contour de la figure est très distinct, représenté par une ligne continue de points. L'existence et la formation de ces points sur le film la surface peut être enlevée clairement observée par en examinant la plaque et bien que leur étendue de projection soit très légère, ils peuvent être distingués en passant le doigt sur la surface. Le point positif ainsi réalisé, il est posé d'un côté pour sécher et permettre au film de durcir complètement.

 

Cette préparation préalable est en fait la plus longue du l'ensemble du processus et trop de soin et de patience ne peuvent pas être démontrés comme le succès de la reproduction à la réception la fin dépend entièrement de la perfection. de la plaque émettrice. Normalement un Il s'écoule une heure avant que la plaque puisse être fixée à sa table mobile, dont la plus grande partie est cependant entièrement. occupé par le séchage du film, puisque à moins que cela ne soit complètement effectué, la pointe en acier diamantée de l'aiguille de transmission déchirera le film.

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L'inventeur a eu recours à plusieurs artifices dans le but d'accélérer le séchage du film mais avec un succès modéré Ces méthodes n'ont qu'un effet superficiel, laissant la surface adhérant au verre encore douce et élastique. Mais récemment, il a réussi à développer un nouveau processus par lequel le positif pour l'émetteur peut être préparé en quelques minutes.

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Il faut ensuite montrer l'image fixée à sa table mobile pour la transmission. L'assiette illustrée prête, elle est posée sur sa table de voyage, et fermement serrée dessus pour éviter toute tendance à bouger pendant la transmission. L'instrument est alors connecté électriquement aux bornes de la clé Morse utilisée pour l'envoi des messages, de sorte que désormais les signaux ou impulsions électriques émis dans l'air, au lieu de représenter des points et des tirets correspondant à des mots, comportent des points uniformes. Le mécanisme d'entraînement de l'horloge est remonté pour entraîner la table, et un signal préliminaire est envoyé à l'extrémité réceptrice pour annoncer qu'il est prêt à transmettre. Sur ce, l'opérateur de ce dernier poste place une plaque de verre recouverte d'un film de lampe noire sur la table mobile réceptrice, remonte l'horloge et règle la plaque dans la bonne position.

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Lorsque tout est prêt, l'émetteur déplace sa table et sa plaque jusqu'à ce que l'aiguille soit immédiatement au-dessus de la première ligne de points, et relâche l'interrupteur contrôlant le mécanisme d'entraînement. Il n'a plus rien à faire jusqu'à ce que l'aiguille ait franchi le dernier point situé à l'extrémité opposée de la plaque.

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La transmission de l'image est un spectacle fascinant. Elle est réalisée rapidement mais sûrement. L'aiguille vibre si rapidement sous la tension du ressort en acier qu'elle semble presque stationnaire et touche à peine le film. Il parcourt la première ligne de points. À mesure que le contour de l’image s’approche, le premier point apparaît sur son passage. Il en heurte le bord mais l'aiguille étant trop rigidement fixée pour osciller autour d'elle, elle est soulevée jusqu'à atteindre le sommet du point obstruant lorsque l'extrémité plate du cône inversé auquel elle est fixée, heurte le contact électrique du dessus, il y a un clic sec annonçant l'achèvement du circuit électrique, accompagné d'un fort craquement annonçant l'envoi de cette impulsion de point dans l'éther illimité en route vers la station de réception.

 

Comme les points sont de dimensions uniformes, regroupant environ 200 par pouce carré, les contacts sont courts et nets, et de durée égale. L'aiguille après être tombée sur le côté du point tombe dans le creux qui le sépare de son voisin, libérant ainsi le contact et ouvrant le circuit. Un autre point doit être négocié et la même opération est répétée. L'aiguille parcourt une partie dense des images où les points se succèdent si rapidement qu'ils forment une ligne presque continue, et la succession de clics et de craquements aigus des contacts se succèdent si incessamment qu'ils forment un rouleau presque continu, mais chaque point Elle est complètement isolée de sa voisine.

 

Finalement, les clics se ralentissent et deviennent plus rares, pour enfin cesser complètement. L'aiguille passe sur une étendue de verre transparente où aucun point n'existe, cette partie du film ayant été détruite par dissolution dans le révélateur.

 

De nouveau, une succession de clics se fait entendre, mais de manière spasmodique et avec un intervalle plus long entre les rapports. L'aiguille transmet les dégradés de demi-teintes, dont les points ne sont pas rapprochés et sont brisés ou séparés par de minuscules espaces blancs entre eux. Un autre intervalle de silence, puis vient un autre roulement rapide de clics augmentant en intensité pour finalement cesser complètement. L'aiguille a parcouru la première ligne et la table s'arrête, le mécanisme de déplacement étant fermement serré par un frein électromagnétique. Automatiquement, la table mobile avance d'un espace comme le chariot d'une machine à écrire jusqu'à ce que la deuxième ligne soit amenée dans le chemin de l'aiguille. Il y a un craquement aigu. Elle est indépendante mais sa finalité est d'une grande importance.

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Il a avancé le chariot du récepteur d'une distance correspondante, prêt à recevoir la deuxième ligne, cette opération étant effectuée au moyen d'un cohéreur spécial. Silence encore un instant, puis l'aiguille se balance à nouveau sur la plaque le long de la deuxième ligne de points, répétant la même succession d'impulsions lorsqu'elle entre en contact avec eux sur son chemin jusqu'à ce que la deuxième ligne soit terminée. Nouvel arrêt momentané. Les plaques avancent longitudinalement d'un autre espace jusqu'à la ligne suivante, le signal de synchronisation est envoyé à la station de réception et la ligne suivante est parcourue, le cycle d'opérations étant répété jusqu'à ce que la fin de la plaque soit atteinte. À la station de réception, le spectacle est tout aussi captivant, mais plus étrange et impressionnant. L'opérateur prépare sa machine pour la réception de la photo. La plaque de verre à revêtement noir de fumée est fixée à sa table et dans la bonne position. La petite aiguille suspendue au relais enfermé dans sa petite boîte métallique fixée à une traverse au-dessus du chariot ressemble à une jambe fine dont le pied touche presque le film de la plaque. Le chariot bouge. Soudain, il y a un léger bruit. L'aiguille plonge et plonge dans le revêtement atomique de la plaque. Il s'écarte et en se retirant, un trou d'épingle reste dans le film. Instantanément, il y a une autre fouille dans la lampe noire. Un autre trou d'épingle, suivi d'un autre et d'un autre. La rangée de points est distinctement visible mais la division entre chacun est si légère qu'il semble que l'aiguille trace une fine ligne à travers la plaque. L'aiguille revient au repos. Il reste une nette étendue de noir de fumée correspondant à la zone claire du positif, puis vient une série de plongées intermittentes ici et là comme si l'aiguille était soudainement devenue erratique. Un autre espace libre suivi d'autres plongées et picotements douloureux, puis le chariot s'arrête. La fin de la ligne est atteinte.

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L'opération continue ainsi son déroulement avec une régularité monotone. La machine accomplit sa tâche à distance de centaines, voire de milliers de milliers de miles. L'opérateur retire soigneusement l'image du chariot. Il s'agit d'un négatif de l'image placée dans l'émetteur. Il la place dans le cadre d'impression photographique ordinaire et obtient en quelques minutes une épreuve sur papier sensibilisé de l'illustration, par impression contact classique. La réalisation de cette invention ouvre de nouvelles et vastes possibilités non seulement en relation avec les journaux, mais aussi dans d'autres branches de l'industrie, puisqu'elle s'applique également à la transmission de l'écriture manuscrite et des dessins. Au service de la détection de la criminalité, cette mesure aura une portée considérable.
 

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Site "Histoire de la téléision" (André Lange)
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