Shelford Bidwell, Minchin, W.E. Ayrton, Perry et Silvanus P. Thompson discutent sur le sélénium à la Physical Society of London, 12 décembre 1890
Après les importantes démonstrations du telephotographe de Bidwell en 1881, les électriciens britanniques semblent avoir travaillé de manière moins pressante sur le sélénium. Le constat,dans un premier temps en 188(, mais surtout, dans un deuxième temps de la déterioration, probablement par oxydation du sélénium, des cellules avec lesquelles il avait travaillé en 1881 et 1882 amène Bidwell à faire de nouvelles expériences dont il propose les résultats lors d'une communication "Some Experiments with Selenium Cells", présentée lors séance de la Physical Society pérsidée par W.E. Ayrton, le 12 décembre 1890. Ayant expliqué les observations réalisées après nla construction d'une nouvelle cellule au sélénium, Bidwell évoque les possibilités de démonstration et les usages possibles :
"Dans l'illustration des conférences, il est souvent souhaitable de pouvoir présenter des effets expérimentaux d'une manière impressionnante et attrayante. Les mouvements d'un point lumineux sur une étendue (scale) peuvent être convaincants, mais ils ne sont guère impressionnants. Pourtant, la résistance des cellules sensibles au sélénium est si élevée que la variation, sous l'influence de la lumière, des courants qui les traversent ne peut être facilement démontrée à un public d'aucune autre manière que par leur action sur un galvanomètre à réflexion. Avec une puissance de batterie suffisante, elles peuvent cependant être amenées à actionner un relais délicat et ainsi produire indirectement une grande variété d'effets surprenants. Par exemple, une cellule au sélénium peut être connectée à un relais et à une batterie de telle manière qu'une cloche sonne lorsque la cellule est dans l'obscurité et cesse de sonner lorsque la cellule est éclairée ; le circuit de la cloche reste fermé lorsque le courant à travers le circuit au sélénium est en dessous d'une certaine intensité, et est interrompu par le relais lorsque le courant au sélénium est augmenté par l'action de la lumière. Il est possible que si les piles au sélénium pouvaient conserver leur sensibilité pendant un temps raisonnable, un dispositif de ce genre pourrait recevoir une application pratique. Il pourrait être utilisé pour signaler l'extinction accidentelle des lampes de signalisation des chemins de fer ou des feux des navires ; et si les connexions étaient faites de telle manière que la lumière et non l'obscurité déclenche la sonnerie, il pourrait être utilisé pour la protection des coffres-forts et des chambres fortes, la simple lumière d'une lanterne de cambrioleur étant suffisante pour donner l'alarme."
En conclusion Bidwell insite sur le fait que les utilisations pratiques ne sont pas l'intérêt principal de ces expériences. Il n'évoque plus du tout la téléphotographie et la transmission des images. Cela semble avoir déçu le Professeur Silvanus Thompon, qu, si l'on en croit les articles de presse, a souligné lors de la séance que les expériences de Bidwell avaient démontré la possibilité de la vision à distance. Huit ans plus tard, le même Silvanus Thompson se montrera très sceptique sur le fait que le télectroscope de Jan Szczepanik permette réllement de voir à distance.
Le Prof. George Minchin profite de l'intervention de Bidwell pour évoquer ses propres expériences, menées dès 1880 et qui n'avaient pas encore fait l'objet de publication. Il présentera une communication à la séance suivante, le 16 janvier 1891, "Experiments in Photoelectrocity". (Voir sur ce site l'article consacré à George Minchin).
A.L. 8 septembre 2024