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LOW, "Secrets of the Future", Evening Standard, London, 2 January 1928

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L'apparition du mot teletouch dans The Brattelboro Reformzer, 16 April 1927.

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La prison d'Alcatraz

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La porte à ouverture automatique conçue par Theremin.  Electronics, February 1932

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SChéma du système Teletouch d'illumination automatique des vitrines, in Keith HENNEY, Electron Tubes in the Industry, 1937

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Ledger Enquirer, 14 November 1936

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The Montclair Times, 6 October 1936

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Raymond Times Dispatch, 2 January 1936

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The Journal, 24 February 1932

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The Des Moines Register, 11 March 1937

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Les travaux de Leon Theremyn sur la détection électronique à distance (1928-1930) -  The Teletouch Corporation

 

L'annonce par RCA, en août 1930, de la suspension du contrat relatif à un prototype de télévison, plongea Theremin et son équipe en plein désarroi et obligea l'inventeur à déployer ses capacités créatives vers d'autres types d'application susceptibles de trouver un intérêt sur le marché de plus en plus dynamique de l'ingénierie électronique.  

Les inventions suivantes de Theremin ne concernent plus la télévision comme moyen de communication, mais sont des applications électroniques de détection, d'interaction et de surveillance qui, d'une manière ou d'une autre, sont des dérivés de la vision à distance, mais, plus encore,  de la propriété de base à l'origine du thérémine : l'exploitation du corps humain comme conducteur de l'électricité.. La plupart de ces inventions tournent autour d'applications de détection électronique de la présence d'un corps humain : potrte à ouverture automatique, vitrines éléctroniques, systèmes d'alarme. Pour définir sa démarche et trouver une marque pour la nouvelle socité qu'il créée avec ses partenaires, Termen va utiliser un terme dont il n'est pas le créateur, mais qu'il va mettre à la mode : teletouch, le toucher à distance.

 

Comme le synthétise Glinsky, Avec ses deux brevets majeurs (son et signal) réunis dans une seule machine, Theremin a nommé le principe commun Teletouch, littéralement « toucher à distance ». C'était l'étiquette parfaite pour désigner le phénomène capacitif et cela faisait bien écho avec les autres formes de communication « télé » récentes et encore mystérieuses."

Cette notion de "toucher à distance" réactivait un principe qui avait vfait partie de l'imaginaire de la fin du XIXème siècle, par exemple chez le Docteur Duverney qui, en 1880 avait suggéré une poignée de main à distance par téléphote ou encore les diverses applications proposées par Le Soir illustré en 1894 (transmission à distance des petits fours, télébouffe, consultation médicale à distance,  masseur, coiffeur et le tailleur à distance, télégiffle,...). Peut-être Theremin avait-il lu la chronique amusante "Pen-Drift", dans un journal du Vermont, The Bratteleboro Reformer du 16 avril 1927 dans laquelle le terme apparaissait pour la première fois dans une fantaisie jouant sur television et window. Le terme teletouch, couplé avec television et teletaste, se retrouve encore dans un dessin "Secrets of the Future" de Low paru dans le Evening Standard de Londres le 2 janvier 1928 et que citerons dès le lendemain divers journaux américains (Des Moines Tribune, Birmingham Pst-Herald, The Daily Item,...). Le Prince de Galles lui-même, le futur Edward III utilise le terme et est cité dans The Guardian le 4 février 1928.

The Teletouch Corporation

 

En décembre 1932, Theremin et ses partenaires créent la Teletouch Corporation. Celle-ci n'apparaîtra réellement en public qu'avec l'annonce d'un contrat avec le Bureau of Prisons pour installer des détecteurs de métaux et d'armes à la prison d'Alcatraz, devenue prison de haute sécurité le 1er juillet 1934. Le contrat est signé le 29 juin 1934 et annoncé dans la presse le 15 août. Dès le 26 juillet le détetcteur d'armes est opérationnel. Le gouvernement de Cuba s'est également équipé du système. En août sera annoncé un système d'alarme détectant les tentatives d'évasion.

Un des premiers équipements de capacité corporelle proposé par The Teletouch Corporation en 1932 est une porte qui, lorsqu'on l'approche avec la main tendue en position « d'arrêt », à deux pouces de la surface, s'ouvre automatiquement. Si la main s’arrêtait à mi-chemin, la porte s’arrêtait aussi.

Mais ce sont surtout les gadgets d'éclairage ou de "miroir magique publicitaire" qui vont faire la réputation de la Teletouch Corporation. 

En juillet 1936, l'installation réalisée poir les établissements R.H. Macy retient l'attention de la presse professionnelle (Advertising Age, Sales Management) et, le mois suivant, celle  du magazine Display World  : "Grâce à un agencement similaire à celui qui ouvre automatiquement une porte à l'approche d'une personne, R. H. Macy & Co., de New York, éclaire une rangée de cinq fenêtres. Les rayons sont projetés sur le trottoir depuis des équipements placés à chaque extrémité de la batterie de fenêtres, les machines commençant à fonctionner après l’extinction des lumières des fenêtres à 10 heures. Lorsque les piétons traversent les rayons, les lumières s'allument automatiquement. Les appareils ont été installés sous la direction d'Irving C. Eldredge, responsable de l'affichage. Ils sont le produit de Teletouch Corporation, 37 West 54 Street, New York."

En décembre 1936, la Teletouch Corporation annonce aussi le Teletouch Ray, dont on trouve la description dans le magazine  Electronics : "La Teletouch Corporation, 37 West 54th St., New York City, annonce un relais phototube autonome, dans lequel la source lumineuse et le phototube sont montés. Aucune source de lumière montée séparément n'est requise, la lumière étant réfléchie par un objet passant devant le phototube, une caractéristique qui ajoute grandement à la commodité de l'appareil. Un modèle antérieur, qui utilisait un amplificateur séparé et nécessitait les services d'un électricien pour l'installation, était principalement utilisé pour l'éclairage des fenêtres. Le dernier modèle contient un amplificateur et une unité sensible dans le même boîtier et peut être installé simplement en le branchant sur la prise lumineuse. L'appareil s'appelle le « Teletouch Ray ».

Une autre invention, présentée en mars 1937, est la Tetetouch Crystal Ball.  Ressemblant à une boule de cristal, et censée être actionnée par des ondes radio entourant l'appareil, la boule devient transparente lorsqu'on l'approche et révèle une petite plateforme d'affichage sur laquelle est dirigé un projecteur. (Display World, March 1937)

L'analyse du modèle économique de la Teletouch Corporation

La Teletouch Corporation  atteint son heure de gloire en 1937, avec de nombreuses citations dans la presse quotdienne et plus d'une vingtaine d'articles dans la presse professionnelle, dont un article de trois pages dans le magazine Electronics..  Après avoir rappelé que Theremin est l'inventeur du thérémine, et l'échec commercial de celui-ci, l'article explique que les produits de la Teletouch Corporation découlent de la même caractéristique conductrice du corps humain et présente les applications proposée : le Magic Mirror publicitaire, les systèmes d'alarmes anti-vol, le Teletouch Ray ou encore un tube à courant continu.destiné à piloter des horloges électriques synchrones.

 

"Avec ce type de circuit compensé comme base, un dispositif de contrôle de capacité a été construit par Teletouch Corporation pour diverses utilisations, notamment comme alarme antivol et pour le contrôle d'affichages publicitaires commerciaux tels que les vitrines des magasins de détail. Une application intéressante de ce dernier type, publiée dans les journaux sous le nom de « Magic Mirror », utilise le revêtement miroir comme élément sensible à la capacité. Ce revêtement de miroir est semi-transparent lorsqu'il est éclairé par l'arrière, mais opaque et réfléchissant lorsqu'il n'est pas éclairé de cette manière. Il est ainsi possible d'installer un miroir d'apparence innocente dans un lieu public et de connecter le relais de capacité à la surface du miroir afin que les passants s'arrêtant pour utiliser le miroir actionnent le mécanisme. Ainsi, lorsqu'une personne s'approche du miroir, une partie de la surface du miroir s'illumine soudainement, révélant un message ou un produit publicitaire derrière, tandis que la partie restante du miroir conserve sa surface réfléchissante opaque. Le même dispositif sensible à la capacité est utilisé pour la protection des coffres-forts, des présentoirs à bijoux et autres petits volumes similaires de grande valeur.


En utilisant de grandes zones conductrices, sous les tapis, etc., les pièces et les portes peuvent également être protégées.

En ce qui concerne l'utilisation de ses appareils comme systèmes d'alarme antivol, la société Teletouch Corporation a mené une enquête approfondie sur les types de protection généralement souhaités par les commerçants et clients similaires. Ils ont constaté que les voleurs professionnels apprécient très vite la présence de dispositifs d'alarme antivol et sont également beaucoup plus intelligents qu'on ne le pense généralement pour les contourner. Pour cette raison, le système d'alarme antivol Teletouch est construit de telle sorte que la coupure des fils, soit dans le circuit de l'antenne de capacité, soit dans le circuit d'alimentation, actionne automatiquement l'alarme, qui est gérée par des cellules sèches contenues dans l'armoire elle-même. L'ouverture de la porte de l'unité de capacité a le même effet.

Une autre caractéristique intéressante en matière de protection anti-effraction est la continuité de l’alarme. Dans le système conventionnel en feuille d'aluminium, la cloche ou le klaxon d'alarme, une fois déclenché, continue de sonner en continu jusqu'à ce que le propriétaire du magasin arrive pour l'éteindre. Lorsque la police ou le propriétaire arrivent, le voleur est souvent parti parce que le grand bruit l'a fait fuir. Bien que l'alarme Tele¬ touch puisse fonctionner en continu de cette façon, ses développeurs ont constaté que de nombreux clients préfèrent que l'alarme retentisse uniquement lorsque le voleur se trouve à proximité de la zone protégée. Si le voleur s'en va, l'alarme cesse alors et la gêne pour le voisinage est considérablement minimisée. Si le voleur, encouragé par le silence, tente de rentrer dans la zone protégée, l'alarme retentit à nouveau.

L'article décrit également le modèle économique de la Teletouch Company : 

Toute organisation qui entend capitaliser sur le développement des dispositifs de contrôle électronique se trouve confrontée à un double problème. En premier lieu, il est nécessaire d'avoir une ingénierie solide et une construction appropriée de l'appareil pour qu'il fonctionne comme prévu. En deuxième lieu, se pose le problème de la commercialisation des appareils afin qu'ils puissent être utilisés de manière large et efficace.

La Teletouch Corporation a abordé ce problème sous plusieurs points de vue. Premièrement, une grande variété d'applications du dispositif ont été conçues par l'organisation. En deuxième lieu, l'organisation Teletouch a concentré ses efforts en grande partie sur les applications commerciales de détail plutôt que sur les applications plus industrielles rencontrées dans le travail en usine. Ainsi, les installations Teletouch Ray ont été réalisées dans le magasin R. H. Macy à New York, le magasin Gimbel à Philadelphie, la Brooklyn Edison Company, la Sloate Chevrolet Company de Hartford et dans plusieurs autres installations similaires. Le dispositif Magic Mirror se prête particulièrement à la présentation de bijoux et a été utilisé par Black, Starr & Frost, à New York.

Toutes ces applications impliquent deux facteurs de vente importants. En premier lieu, l'appareil ne fonctionne que lorsque l'attention du passant est dirigée vers lui. Ainsi, alors qu'il est courant d'éclairer les vitrines des magasins du coucher du soleil jusqu'à minuit, il arrive souvent, surtout par temps d'orage, que la foule dans les rues soit extrêmement faible et que la puissance d'éclairage soit alors largement gaspillée. En adoptant des dispositifs photoélectriques ou de contrôle de capacité, il est possible de limiter l'éclairage des fenêtres aux moments où les passants interrompent le faisceau lumineux ou actionnent le mécanisme de capacité. Ce type d’économie séduit fortement les commerçants de détail. Dans certaines circonstances, il fait appel aux services publics qui approvisionnent en électricité les commerçants de détail. Ceci est particulièrement important dans les petites villes, où les commerces de détail n'éclairent pas leurs fenêtres en raison des dépenses importantes, mais pourraient être facilement incités à le faire si les lumières ne sont allumées qu'en cas de besoin.

Le deuxième facteur impliqué dans l'installation de magasins de détail est la valeur publicitaire élevée qui en découle tant auprès du grand public. Par exemple, lorsque l'installation de R. H. Macy a été réalisée, des articles ont été publiés dans pratiquement tous les journaux de New York immédiatement après, ce qui a donné lieu à une publicité bien méritée, tant pour Macy's que pour la Teletcuch Corporation. La limitation aux présentoirs commerciaux a bien sûr ses limites et on s'attend à ce que de nombreuses applications industrielles complètent les installations de vente au détail actuellement réalisées. Le succès que la Teletouch Corporation a tiré de sa politique est cependant révélateur de ce qui peut être fait par une organisation commerciale agressive, soutenue par une ingénierie appropriée et capitalisant sur l'appréciation croissante du public pour les technologies électroniques. appareils de contrôle.

Le modèle économique décrit par cet article était probablement trop optimiste, et, comme l'a montré Glinsky, le départ de Theremin pour la Russie en septembre 1938 était probablement plus motivé par les difficultés administratives et financières qu'il rencontrait dans ses activités que par une intervention d'agents de l'Etat soviétique. Sous la direction de l'associé de Theremin, M.Boyd Zinman, The Teletouch Corporation et The Teletouch Magic Mirror Corporation ont continué leurs activités tant bien que mal sans son inventeur jusqu'au 15 décembre 1943. La situation de l'entreprise était d'autant plus délicate que l'inventeur n'avait pas laissé de traces de ses secrets de fabrication. 

Les paradoxes de la commercialisation del'interactivité électronique

Il est évidemment piquant de voir que Theremin, toujours sous contrôle formel des autorités soviétiques durant son séjour aux Etats-Unis, a mis ses compétences au service de la principâke prison fédérale, des bijoutiers, des grands magasins et des distributeurs de lingerie féminine avant d'être contraint de les mettre à nouveau au service de l'appareil d'Etat stalinien.

 

Alors que la conception du thérémine et d'une installation de vision à distance étaient le résultat d'intérêts intellectuels profonds de l'inventeur, il paraît évident que les gadgets produits par la Teletouch Corporation relevaient avant tout d'une nécessité d'assurer la subsistance économique de Theremin et de ses collaborateurs. Cette période de cette activité pourrait rester de la pure anecdote biographique si elle n'annonçait pas des développements culturels qui allaient s'amplifier après la Seconde guerre mondiale dans le monde occidental : la culture du gadget électronique - dont les films de James Bond s'empareront - mais aussi l'utilisation de l'interactivité dans la création culturelle.

 

Glinsky signale,  sans malheureusement citer de sources, Theremin avait imaginé un "Teletouch glove" conçu pour transférer électroniquement les sensations tactiles à d'autres personnes à distance. Celui-ci devait être combiné avec de la musique, des projections de lumière et d'arômes. Si l'information est exacte, elle représente une anticipation intéressante des gants numériques utilisés dans les installations de réalité virtuelle.

 

Lev Termen/ Leon Theremin a retrouvé sa place dans la généalogie de la musique électronique, la retrouve progressivement dans l'histoire de la télévision. Ses activités de l'époque de la Teletouch Corporation - au service d'une magie commerciale et de la sécurité carcérale - devrait l'inscrire dans la généalogie de la publicité, de la télésurveillance, mais également dans celle des arts de l'interactivité, de la téléprésence, et de la réalité virtuelle qui se sont épanouis depuis la fin  du XXe sicècle.

André Lange

25 juin 2024

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Utilisation conjointe des mots television et teletouch par le Prince de Galles, The Guardian, 4 February 1928.

Dayton Daily News, 11 August 1934

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Teletouch Ray, Electronics, December 1936

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The Magic Mirror installé à Utica.  The Des Moines Tribune, 2 March 1937

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The Burlington Press, 17 October 1936

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Electrical Merchandising, December 1937

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Crystal Ball Touchstone, Business Weel, 27 February 1937

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Star Phoenix, 22 July 1939

Press and Sun Bulletin, 1st April 1932

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