Lev Termen (Leon Theremin) (1896-1993), un inventeur au service de la musique et du régime soviétique
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Theremin et son laboratoire à l'École Polytechnique
Leon Theremin explique son instrument. Cet enregistrement a probablement été réalisé durant son séjour aux Etats-Unis (Source : Chaîne Youtube Straypixel)
27 septembre 1991 : Leon Theremin présente le Theremin dans l'amphithéatre de Standford University (Source : Standford Archive of Recorded Sound)
Le thérémine présenté par le biographe de Lev Termen, Albert Glinsky (Chaîne Youtube Moog)
Clara Rockmore filmée en 1976
(Source : Chaîne Youtube "Dead Since 1996"

Clara Rockmore et Leon Theremin (Source : Wikipedia)

Theremin et son système d'ouverture automatique des portes (Electronics, February 1932).

L'article de Harold C. Schonberg, pary=u le 28 avril 1967 dans The New York Times et repris le lendemain dans The Montreal Star
Léon Thétémine à Bourges en 1989
(Source : CLIC Pôle Patrimoine)
Steven M. MARTIN Theremin An Electronic Odyssey , 1993
Leon Theremin: a Genius Inventor, a Spy, a Prisoner.
Un autre documentaire biographique mythfiant. Comme l'indique Glinsky, Theremin n'a jamais rencontré Chaplin, Einstein ni John Rockeffer Jr.
Bibliographie sur Lev Termen / Léon Theremin
FISHER Benjamin B., "The Soviet Genius Who Spied for Stalin. Leon Theremin. CIA Nemesis", CIA Declassified Note, 10 September 2014.
GALEYEV, Bulat M.,, "L. S. Termen: Faustus of the Twentieth Century", Leonardo, 24,1991, pp.573-579
Галеев, Булат . Советский Фауст : Лев Термен, пионер электронного искусства, Казанская гос. консерватория, 1995 / GALEYEV Bulat M.,, Sovetskiĭ Faust : Lev Termen, pioner ėlektronnogo iskusstva, Kazanskai︠a︡ gos. konservatorii︠a︡, 1995
GALEYEV, Bulat M. Soviet Faust. Lev Theremin. Pioneer of Electronic Art, ETT Imprint, 2010
GLINSKY Albert Vincent, The Theremin in the emergence of electronic music, Thesis, New York University 1992.
GLINSKY, Albert, Theremin. Ether Music and Espionnage, University of Illinois Press, 2000.
Interview of Leon Theremin (Lev Sergeyevich Termen) by Olivia Mattis, Bourges, 16 June 1989
ISCAN, Virgile, "1927 : la France découvre le premier synthétiseur", Retronews, 12 avril 2018.
Лев Термен. Пионер электронного искусства, Информационно-библиотечный комплекс, 2012 ; Léon Thérémine, Pionnier de l'art électronique, Exposition virtuelle, Complexe d'information et de bibliothèque, 20222
NIKITIN, Pavel, "Leon Theremin (Lev Termen)", IEEE Antennas and Propagation Magazine. Volume: 54 Issue: 5, October 2012
TERMEN L.C., "воспоминания" in об А.Ф.Иоффевоспоминания об А.Ф.Иоффе (Vospominania in Vospominania ob A.F. Ioffe, Nauka, Leningrad, 1973. (Contribution de Termen à un recueil de souvenir sur A.F. Ioffe)
URVALOV, V.A., Очерки истории телевидения, Наука, 1990 Ocherki istorii televideniia, Nauka, Moscow, 1990. (Essais sur l'histoire de la télévision)
Библиографический список к выставке "Пионер электронного искусства. Лев Сергеевич Термен" (Bibliographie de l'exposition "Pionnier de l'art électronique. Lev Sergeevich Termen")
jJean Michel Jarre, "Theremin AudioBrunch"
Lera Auerbach, Prélude n.7 pour thérémine et piano, interprété par Thorwald Jørgensen
Carolina Eyck, Ocean
L'ingénieur et inventeur russe Lev Termen, plus connu en Europe et aux Etats-Unis sous le nom de Léon Theremin, doit sa célébrité à l'appareil de "musique éthérée", l'éthérophone, plus souvent désigné de nos jours comme thérémine, qu'il a mis au point en 1920 et qui est considéré comme le premier instrument de musique électronique. On sait moins qu'il est aussi l'inventeur du premier système de télévision atant fait l'objet d'une démonstration en Russie et qu'il a présenté celui-ci à Staline lui-même en 1925.
La vie de Lev Termen est d'une telle richesse d'ordre romanesque qu'elle a donné lieu à des enjolivements mythologiques sur divers sites et vidéos, plus récemment dans un roman, qui lui ont été consacrés. Pour une analyse rigoureuse, mieux vaut s'en tenir aux deux biographies de référence, celle de Bulat Galeyev et surtout celle objet d'une thèse de doctorat défendue à l'Université de New York en 1992 et publiée en 2000 par le compositeur Albert Glinsky. Nous en proposons ici un rapide résumé.
Le début de carrière du jeune ingénieur dans le contexte de la Révolution d'Octobre
Lev Sergeevich Termen est né le 28 août 1896 à Saint-Petersbourg dans une famille noble orthodoxe aux racines françaises et allemandes. Dès sa jeunesse, il était fasciné par la physique et l'astronomie. Il s'intéresse à la fois aux disciplines scientifiques et à la musique. Il est diplômé du Conservatoire (classe de violoncelle en 1916), étudie trois ans à l'Université de Saint-Petersbourg, puis en 1916, à l'École électrotechnique des officiers supérieurs où il est sous-lieutenant des troupes du génie. Après la Révolution d'Octobre 1917 et la décision de Lénine de déplacer la capitale de Saint-Petersbourg à Moscou, Termen est muté dans la nouvelle capitale comme directeur adjoint du Laboratoire militaire de radiotechnique de l'Armée rouge. En 1919, il est réaffecté à Tsarkoe Selo, près de Saint-Petersbourg (alors appelée Petrograd) comme superviseur de la principale station de T.S.F. du régime soviétique. Avant que la station ne soit prise d'assaut par l'Armée blanche, il en fait transporter le matériel à Petrograd et exploser les infrastructrures. Il devient instructeur radio à l'Institut électrotechnique de Petrograd.
Il rencontre le grand physicien Abram Fedorovich Ioffe, qui vient de créer l'Institut de Physique et de Technologie au sein de l'Institut polytechnique de Petrograd, dont le jeune pouvoir soviétique fait un des centres de promotion de l'électrification du pays. Termen y travaille sur la structure des cristaux en recourant aux rayons X et réalise des expériences sur l'hypnose et la transe avec le physiologiste Ivan Pavlov.(Prix Nobel de physiologie ou de médecine 1904)
A partir de 1920, Termen est employé de l'Institut de radiographie et de 1925 à 1931. Ioffe le fait travailler sur le corps humain en tant que conducteur de l'électricité, sur les interférences du corps humain avec les circuits électriques, sur la capacité électrique, sur la mesure de la densité des gaz. C'est dans ce contexte qu'il travaille avec des oscillographes et que Ioffe l'incite à développer ses recherches sur la vision à distance, ce qui le conduira à écrire une thèse sur la question et à faire les premières démonstrations en Russie de la transmission d'images (voir sur ce site la description des travaix de Termen sur la télévision).
L'invention de l'éthérophone
Les travaux sur la densité des gaz l'amènent à recourir à un oscillateur audion, qui lui font découvrir l'impact des mouvements de la main sur les mesures de l'instrument et sur le fait que ces mouvements engendrent un vibrato. A partir de là, il va mettre au point un "éthérophone", instrument de musique électronique qui lui permet d'interpéter des mélodies par de simples gestes, sans toucher l'appareil. L'"étherphone", qui va bientôt porter le nom de thérémine, est composé d’un boîtier électronique équipé de deux antennes. Le son est produit à partir d'un signal électrique engendré par un oscillateur hétérodyne à tubes électroniques. Deux signaux de fréquences élevées (l’un fixe à 170 kHz, l’autre variable entre 168 et 170 kHz) se combinent pour former un battement et fournir un signal audible, entre 20 et 20 000 Hz.
Termen présente l'etherphone à Ioffe en octobre 1920 et donne un premier concert le mois suivant. Il dépose une demande de brevet en juin 1921 et fait une présentation de l'instrument à la conférence nationale du GOELRO, le Comité d'Etat pour l'électrification du pays. L'originalité de l'instrument permet à Termen de rencontrer Lénine en mars 1922, qui, enthousiaste, en fait commander six cent exemplaires et envoie Termen assurer sa présentation dans les régions de l'Union soviétique, puis, en 1927, en Europe et aux Etats-Unis. L'idée de ces missions est de promouvoir un succès de la jeune Union soviétique. Il s'agit d'une des premières opérations de séduction internationale du pouvoir soviétioque en utilisant une personnalité remarquable comme cela avait le cas avec Maïakovski, Eisenstein ou Ehrenbourg. Cependant, comme le montre son biographe Albert Glinsky, est également chargé de missions d'espionnage technologique, sur directives du GRU, organe d'observation industiel de l'Armée rouge.
Sa fidélité dfe Termen à Lénine, non dépourvue de sentimentalisme, perdurera jusqu'à la fin de sa vie. Il aurait souhaité que Lénine soit enfoui dans le "permafrost éternel", assurant qu'il trouverait un jour la méthode pour le réanimer et regrettera que les médecins aient décidé de séparer le cerveau et le coeur du corps. comme l'indique Glinsky, tout en étant marqué par le matérialisme historique de la doctrine officielle, Termen était inspiré par l'utopie cosmique de Nikolaï Fiodorov (1829-1903), un philosophe qui avait théorisé la résurrection des ancêtres comme un processus collectif à accomplir.
Les démonstrations de l'éthérophone en Europe
En Europe, dès les premières missions qu'il effectue en Allemagne pour négocier des brevets, Termen se fait appeler Léon Theremin, en référence à ses origines françaises et la presse le désigne comme professeur. Il donne des concerts dans les salles les plus prestigieuses d'Allemagne (à Hambourg, Francfort, Berlin, Munich), à l'Opéra de Paris et à la Salle Gaveau, à l'Albert Hall de Londres), L'instrument suscite curiosité et émerveillement. Termen rencontre des personnalités telles que le chef d'orchestre Bruno Walter ou le grand physicien Sir Oliver Lodge.
Dans un article paru dans La France radiophonique, le poète liégeois Paul Dermée, qui est un des premiers théoriciens en France des arts électroniques, de la radio et de la télévision, écrit un article enthousiaste, décrivant en détail les caractéristiques techniques et musicales de l'appareil. Il le compare au rumorharmonium du futuriste italien Russolo, qui déffendait depuis vingt ans pour la gamme anharmonique et l'utilisation dans l'orchestre de timbres nouveaux : "Nous craignons qu'aujourd'hui les réalisations mécaniques assez élémentaires de Russolo ne soient détrônées par l'étherophone, infiniment plus souple et plus riche, car celui-ci dispsoe de plus de mille timbres différents".
Le séjour aux Etats-Unis (1927-1938)
En décembre 1927; Theremin arrive aux Etats-Unis, oùil va vivre jusqu'en 1938. Il continue la présentation de son instrument, s'assure la collaboration de la violoniste d'origine lituanienne Clara Rockmore, qui va devenir l'interprète principale de l'instrument. Il devient une célébrité dans le monde musical et travaille notamment avec le chef d'orchestre Leopold Stokowki. Selon la légende, il rencontre Charlie Chaplin, Arthur Einstein, John Rockfeller Jr., Eisenhower,... Mais les recherches scrupuleuses de Glinsky démentent cette légende.
Theremin continue ses recherches, obtient divers brevets.. Il passe un accord avec RCA pour commercialiser le Theremin-Vox à grande échelle, mais l'opération se terminera en un échec retentissant, s'expliquant par la crise économique, mais aussi par l'illusion que n'importe qui pourrait apprendre à jouer de l'instrument. Certains journaux avaient titré "Learn the Theremin-Vox and Become An Artist in Three Weeks" !
Il arrive à passer un contrat avec RCA pour un prototype de télévision mais l'entreprise récuse ce contrat après quelques mois et Thermin est contraint de réorienter ses activités en se spécialisant dans les applications de détection à distance du corps humain, que va commercialiser la Teletouch Company. (Pour plus de détail, voir sur ce site la page consacrée à ces activités).
En mars 1938, il épouse Lavinia Williams, une danseuse d'origine irlandaise et africaine, spécialisée dans le revival des danses haïtiennes. Cette union avec une noire est mal vue par ses amis, et il perd beaucoup de ses relations sociales. Leur union sera de courte durée. Le 15 septembre 1938, Theremin quitte les Etats-Unis pour retourner en Russie. Comme le montre Glinsky, ce départ n'a rien de mystérieux ou d'un enlèvement comme le prétendent certains récits, mais est le résultat des échecs des projets industriels et de démêlés avec l'administration américaine. Sa brusque disparition fait croire qu'il a été éliminé par les hommes de main de Staline.
Le retour en Russie : du Goulag à la collaboration avec le pouvoir soviétique
De retour en Russie, Termen s'installe à Moscou pour essayer de retrouver du travail. La réactivation de ses anciens contacts scientifiques et politiques s'avère difficile dans une période où se terminent les grandes purges staliniennes Le 10 mars 1939, pour des raisons peu précises, Termen est arrêté et envoyé à la prison de Butyrka, où sont concentrés les prisonniers politiques. Le 19 mars, il est inculpé pour trahison de la patrie et soutien à la bourgeoisie internationale et envoyé sans procès au Goulag, à Vladivostock, dans un camp de "droits communs". Après quelques mois il est transféré au KOSOS, un centre de recherche aéronautique où Tupolev a été chargé de regrouper les ingénieurs. A partir de ce moment, Termen va collaborer avec le régime - ce qui lui vaudra la qualification par Galeyev de "Faust soviétique".
Ses compétences en acoustique vont notamment le conduire à mettre au point, en 1945, un système d'écoute à partir d'un aigle en bois sculpté offert à l'Ambassadeur américain Cabot Lodge et qui va permettre jusqu'en 1951 l'espionnage des propos des diplomates, au grand dam de la CIA. L'appareil sera surnommé The Thing ou The Great Seal Bug et vaudra à Termen la qualification d'"Edison russe". Beria demandera même à l'inventeur de concevoir un système similaire qui lui permettrait d'espionner Staline.
En 1947, il reçoit le Prix Staline. De 1947 à 1951 il dirige le laboratoire MGB. De 1952 à 1967, il collabore avec le KGB puis prend tranquillement sa retraite.
Le retour à l'expérimentation musicale et la réapparition dans le monde occidental
De 1964 à 1968, il a été employé du laboratoire d'enregistrement sonore du Conservatoire de Moscou et du département d'acoustique de la Faculté de physique de l'Université de Moscou. En 1975, il obtien finalement un brevet soviétique pour un "polyphonic termenvox".
En 1962, Clara Rockmore en voyage à Moscou avait retrouvé Termen, mais n'en avait rien dit aux Etats-Unis. Il faut attendrre le 28 avril 1967, le New York Times publie un article de son critique musical Harold Schonberg sur le fait que Termen, près de trente ans après sa disparition, était toujours en vie et bien actif.
En 1989, dans le contexte de la Perestroiska, il obtient l'autorisation de sortir de l'URSS pour intervenir au Symposium 89 qui se tient dans le cadre du Festival international de musique expérimentale et auquel assistent d'autres inventeurs d'instruments tels que Don Buchla et Robert Moog, concepteurs des synthétiseurs, ou encore le fils de Maurice Martenot, l'inventeur des "Ondes musicales Martenot".
Début 1991, peu de temps avant la chute de Gorbatchev, Termen obtient sa carte de membre du Parti Communiste, qu'il espérait détenir depuis sa rencontre avec Lénine. La même année le réalisateur Steven M. Martin l'interviewe et produit un documentaire Theremin An Electronic Odyssey qui sera primé au festival de Sundance. Martin organise un voyage de Termen aux Etats-Unis, qui permet à l'inventeur de retrouver Clara Rockmore et d'intervenir à l'Université de Sandford. En janvier 1993, Termen effectue un voyage aux Pays-Bas et est l'invité d'honneur d'un symposium "Schoenberg et Kandisky" organisé à La Haye. Il meut quelques mois plus tard à Moscou, le 3 novembre 1993, à l'âge de 97 ans, au lendemain de la diffusion du documentaire de Steven M. Martin sur Channel 4.
Termen a trouvé sa place dans la mémoire moscovite, où des concerts de théremine étaient organisés dans les années 90 et au début de ce siècle. Le Musée des Sciences et Technologies conserve son appareil de télévision à disque de miroir et le terminvox construit par l'inventeur en 1982 sur le modèle de l'instrument de 1920.
En mythe en constitution et un héritage musical vivant
La redécouverte de Termen à la fin du XXe siècle est à l'origine de la création d'un mythe favorisé par Internet et le succès de la musique électronique, dont il est apparaît désormais comme un des fondateurs. De nombreux sites et divers documentaires plus ou moins rigoureux lui sont consacrés. Son histoire absolument unique à travers le siècle, mêlant invention musique, espionnage et politique prête à un surcroît de fictionnalisation. La collaboration de l'inventeur avec le pouvoir soviétique - qui correspondait avant tout, comme l'ont montré Galeyev et Glinsky a un besoin de survie - est devenu un cas d'école pour la discussion de l'éthique des scientifiques.
Le thérémine a survécu à son inventeur. Après avoir été utilisé dans le Spellbound (La maison du Dr. Edwards, US 1945) d'Alfred Hitchcock; il allait être utilisé durant les années 50-60 de manière un peu triviale dans des compositions easy listening (Music For Peace Of Mind: Featuring The Theremin With Orchestra de Samuel J. Hofmann, 1950) ou dans des films de science-fiction et d'horreur. Tim Burton, en 1994, y fera un clin d'oeil dans son Ed Wood, avec une composition de Howard Shore.
Le thérémine a retrouvé sa place, à partir des années 60, dans l'histoire de la musique expérimentale, en particulier grâce à Robert Moog. Celui-ci a produit un disque d'enregistrement de Clara Rockmore, aujourd'hui disponible en CD et sur les sites de musique en ligne. Des interprètes ont repris le flambeau (Lydia Kavina, Carolina Eyck, Thorwald Jørgensen...), conduisant des compositeurs à écrire des oeuvres nouvelles 10 préludes pour thérémine et piano de Laura Auerbach, interprétés par Thorwald Jørgensen (CD Touch ! Don't Touch de Barbara Bucholz par Lydia Kavina (CD Wergo, 2008), Theremin sonatas de Christopher Tarnow, écrites pour Carolina Eyck, (CD Genuin, 2015)
La génération de la pop music (Tom Waits, Led Zeppelin, Jean-Michel Jarre,...), un musicien de jazz tel que Youseff Yancy ou un artiste multimedia tel que Eric Ross ont eu recours à l'instrument. Daniele Gaudi a produit en 2020 un CD 100 years of Theremin mixant dub et reggae. En 2024, le groupe anglais Balaning Act propose une chanson et un clip "She plays the Theremin" où l'interprète incarne le modèle de la jeune femme libre. Cette association n'aurait probablement pas déplu à l'inventeur.

Theremin. Ether Music and Espionnage. La biographie de Lev Termen par Albert Glinsky, préfacée par Robert Moog, est l'ouvrage de référence sur l'inventeur.

Evening Courier, 27 July 1930

Nottingham Evening Post, 9 août 1927

Welt-Blatt, Wien, 21 August 1927

Schéma de l'éthérophone in Paul Dermée, "De l'éthérophone au dynaphone", La France radiophonique, n.2, 1928, p.12

Annonce de la dernière orésentation de Léon Theremin à l'Opéra de Paris, Le Matin, 2 décembre 1927

La Dépêche (Toulouse),
3 novembre 1927

Publicité pour le RCA Theremin

Photographies de Termen à la prison de Butryka (1939) (Source : Bulat M. Galeyev)

L'aigle en bois contenant le dispositif d'espionnage acoustique conçu par Lev Termen (photo publiée dans le rapport du FBI rédigé en 1952, déclassifié en 2019)


Termenvox de Lev Termen, reproduction par l'inventeur en 1982 de l'instrument conçu en 1920
(Musée des sciences et technologies de Moscou, photos André Lange)
Une biographie romancée de Termen bourrée d'erreurs dans une émission d'ARTE. Contrai, qui témooigne de la mythologie qui se créé autour de l'inventeir.

La fugue thérémine, roman d'Emmanuel Villin, Asphalte, 2022
Science Sounds Strange: Ether Waves, Espionage, and the Theremin’s Odyssey || Radcliffe Institute
Balancing Act, She Plays The Theremin", 2024
André Lange, 22 juin 2024