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Les technologies de communication dans un débat entre socialistes réformistes et socialistes
révolutionnaires sur la science et les services publics en 1890

MARIUS, "Mutuellisme et communisme"
Le Prolétaire, 9 août 1890
 
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Téléphongraphe dans Le Parisien, 11 mai 1890

L'article "Mutuellisme et communisme" qui paraît dans Le Prolétaire du 9 août 1890 est probablement le premier qui essaye de penser, d'un point de vue socialiste,  les technologies de communication récemment apparues (phonographe) ou annoncées (téléphonographe, téléphote - et non téléphone, suivant une coquille fréquente à l'époque). Il se situe dans le prolongement des rumeurs qui avaient circulé à l'occasion de l'Exposition universelle de Paris sur le téléphote imputé à Edison et sur celui, annoncé par la presse mais jamais documenté de Courtonne. Il évoque également le téléphonographe, un appareil propose en 1880 par Lagriffe pour enregistrer les conversations téléphoniques. (1)

Le Prolétariat (5 avril 1884 - 25 octobre 1890 était l'organe de la Fédération des travailleurs socialistes de France, le parti des possibilistes, dirigé par Paul Brousse, qu'avaient quitté en 1882 Jules Guesde et les militants marxistes. En 1890, la Fédération est en crise, en raison de l'opposition entre Paul Brousse, défenseur d'une ligne républicaine d'alliance avec les démocrates bourgeois, et Jean Allemane, préférant donner la priorité à la lutte des classes.

L'article, qui souligne l'importance des forces productives dans le cours de l'Histoire et prend la défense de la science, est une réponse à Arcès-Sacré, publiciste qui écrivait dans Le Parti ouvrier, qu'il avait fondé avec J. Douillé et L. Allemane, mais était aussi reconnu par Le Prolétariat. Arcès-Sacré, depuis l'automne 1889, tenait un cycle de conférence à la Bourse du Travail, "Les lois du socialisme", dont Le Prolétariat publiait les textes de manière détaillée. La huitième conférence, en juillet, avait porté sur "La théorie des services publics"

Seule une étude détaillée des polémiques de ce moment entre les deux tendances de la Fédération nous permettrait de contextualiser avec précision le débat sur la science et les technologies de communication et peut-être d'identifier ce "Marius", qui, selon toute vraissemeblance, est un pseudonyme. Peut-être cache-t-il Paul Brousse lui-même, qui était un ardent défenseur de la science et des services publics

La prise en compte de la physique des technologies de communication dans un tel débat est probablement inédite. Elle peut avoir été stimulée par la parution au mois de mai 1890 de La Physique populaire de Desbeaux, qui évoquait la téléphonographie et le téléphote. Mais l'analyse manque : Markus se contente d'observer que ces technologies permettront d'entendre Jules Simon ou de voir Déroulède et sa redingue verte. Il n'y a pas vraiment de réflexion sur le rôle que ces technologies vont jouer dans la lutte des classes.

(1) Le terme téléphonographe apparaît dès 1878 dans l'article de A. Niaudet, "Le phonographe d'Edison", Séances de la Société française de physique, 1878, p.51

 

Sur le téléphonographe de Lagriffe, voir :  "Téléphonographe de M. Lagriffe", La Lumière, 1880, pp.353-354), Dans Le Vingtième Siècle d'Albnert Robida (1882), le téléphonographe, comme le téléphonoscope, permet la diffusion des images. 

Mercadier avait propsoé un nouvel appareil en 1889 et publié un ouvrage La téléphonographie. 

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Publicité pour La physique populaire de Desbeaux,

Le Petit Troyen, 6 mai 1890.

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Paul Brousse dans les années 1890

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Paul Deroulède, caricature dans Les Hommes d'aujourd'hui

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Jules Simon, caricature de Gill dans L'Eclipse

André Lange, 9 avril 2023

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