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Les premières occurences du terme "Fernsehen" dans le contexte des recherches sur la vision à distance par le biais de l'electricité

Un mot ancien prend un sens nouveau

A la différence du mot français télévision et du mot anglais television, qui sont apparu en 1900 à l'occasion du Congrès international d'électricité  le mot Fernsehen avait déjà une longue histoire dans la langue allemande et on le trouve dans des publications de philosophie, de théologie, de physiologie, d'ophtalmologie, d'astronomie, et surtout d'"études psychiques" et de spiritisme. Dieckmann, l'assistant de Ferdiand Braun, le professeur de physique qui inventa le tube cathodique, raconte que celui-ci, austère scientifique protestant, refusait d'utiliser le terme tant il était lié à son utilisation dans le domaine irationnel de la voyance.

Les dictionnaires étymlologiques allemands citent généralement la brochure du chimiste Raphael Eduard Liesegang, Das Phototel. Beiträgege zum Probleme des elektrischen Fernsehen  (1891) comme la première occurence du mot dans son sens moderne. Une fois encore, la disponibilité des publications scientifiques et techniques et des journaux numérisés nous permet de réviser les datations. 

La plus ancienne occurence du syntagme "elektrische Fernsehen" que nous avons repérée date de 1886, soit cinq ans avant la publication de Liesegang se trouve dans le titre d'une conférence donnée par le Dr. August Voller, le 12 mai 1886 pour la Naturswissenchaftliche Verein de Hambourg. Voller avait obtenu son doctorat en 1873 et dont le Hamburgische Korrespondant donne un compte rendu le 18 mai 1886. 

 

Né en 1842, le Dr. August Voller, lorsqu'il donne cette conférence, a quarante-quatre anslorsqu'il donne cette conférence et c'est un électricien confirmé, de réputation internationale.  De 1875 à 1885 il avait travaillé  au Lycée académique Johanneum, le prestigieuxx établissement de formation de Hambourg. Il dirigeait également le cabinet de physique du lycée académique depuis 1879. Ses publications sont très nombreuses En 1880, il a notamment publié un livre sur l'utilisation de lentilles de dispersion dans les mesures photométriques et est devenu une référence européenne dans ce domaine. Il publiera par la suite un livre consacré aux expériences avec les rayons X et un autre sur les questions de la T.S.F. C'est à son instigation qu'a été fondé le laboratoire de physique de la Ville de Hambourg. Après avoir été nommé professeur, Voller a développé d'importantes activités de recherche et d'enseignement. Lorsqu'il prononce sa conférence en 1886 sur la télévision électrique pour la Naturswissenchaftliche Verein de Hambourg, il est Vice-Président de cette association.

Nous ne dispsoons pas du texte de la conférence, mais le titre "Uber elektrisches Fernsehen" est bien repris dans le rapport annuel de la Naturswissenchaftliche Verein est bien "über telektisches Fernsehen". Le -es en fin d'ajectif indique que Fernsehen est donc considéré comme un terme neutre. Cela ne sera pas toujours le cas et l'on trouvera des textes intitulés "Der elektrischen Fernsehen" ou "Die elektrischen Fernsehen". Notons que le texte du Hamburgische Korrespondant inclut également le terme Fernseher qui sera surtoiut utilisé dans la presse autrichienne en 1898 pour désigner l'appareil annoncé de Jan Szczepanik, mais aussi le "problème de la télévision".

 

D'après le compte-rendu publié parf le Hamburgische Korrespondant, la conférence était simplement un historique et un état des lieux de la recehrche, avec une référence particulière . Cette conférence intervient deux ans après l'invention par Paul Nipkow de son télescope électrique, dont "le disque" allait bientôt devenir célèbre. La conférence de Voller a donc probablement joué un rôle d'institutionnalisation de la problématique de la vision à distance dans l'univers scientifiique allemand un peu comme les interventions de Théodore du Moncel et de Jules Armengaud en France ou celels de Ayrton, Perry et Bidwell en Angleterre. Elle conforte aussi la légitimité académique à la proposition de Nipkow.

La généralisation de l'expression "das elektrisches Fernsehen"

L'expression "das elektrisches Fernsehen" va progressivemlent remplacer l'expression plus longue.  "Sehen in die Ferne mittelst Elektricität"

D'autres occurences de l'expression "das elektrisches Fernsehen" sont identifiables avant la parution des Beiträge de Liesegang 

La brochure de Raphael Eduard Liesegang est indiscutablement une étape imporatnte dans ces premières annénes de recherche sur la télévision, mais il est évident que le grand chimiste allemand n'a pas inventé l'expression "elektrische Fernsehen" dont l'usage était déjà établi dans les milieux scientifiques et la presse spécialisée.

Il serait içntéressant déterminer quand l'adjectif "elektrisch" a cessé d'être utilisé. En 1930, un interview de Mihaly dans le Neue freie Press est encore titré "Wunder der Technik: Das Elektrische Fernsehen", mais le brevet de 1920 du même Mihaly Einrichtung zum Fernuebertragen von Bildern, besonders zum Fernsehen avait déjà laissé tombé l'adjectif elektrisch.

Bibliographie

André Lange, 6 septembre 2024

Abhandlungen aus dem Gebiete der Naturwissenschaften 9.Bd. (1886).jpg

"Mitteilungen aus den Sitzungen", in Abhandlungen aus dem Gebiete der Naturwissenschaften. Verhandlungen des Naturwissenschaftlichen Vereins in Hamburg, IX Band,  Friedichsen, Hamburg, 1896, p. V.

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Rigasche Industrie Zeitung, XXI, 1886

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Prof. Dr. August Voller par Max Liebermann, 1905

​(Source : Hamburger Kunstalle)

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Voller Hamburgische Korrespondant 18 5 1

Association des sciences naturelles de Hambourg-Altona, réunion le 12 mai. - Monsieur le Directeur Dr. Voller a donné une conférence sur la télévision électrique.

 

Dans une conférence du professeur Perry à la Society of Arts le 24 mars 1881, il fut fait référence à une image du Punch qui décrivait les perspectives d'avenir de l'électricité : un couple vivant à Londres parlait à ses enfants en Inde et les voyait en train de jouer.  Avec les énormes progrès que la jeune téléphonie a réalisés ces dernières années, l'accomplissement de cette prophétie du Punch, dans la mesure où elle concernait la conversation entre personnes localement séparées, ne semblait pas invraissemblable. La deuxième partie de cette image du futur, la représentation d’un télescope électrique, a amené Perry, comme il le rapporte, à considérer en même temps la possibilité d’une telle réalisation électrique. Cependant, le physicien anglais n’était en aucun cas le premier à travailler à la résolution de ce problème. Au contraire, comme l’a expliqué l’orateur plus en détail, de telles tentatives ont été faites depuis 1877.

 

Il s'agit de convertir la lumière émanant d'un objet en énergie électrique et celle-ci (à un autre endroit) en lumière, c'est-à-dire en lumière de répartition spatiale analogue, c'est-à-dire une copie complète de telle manière qu'une image de cet objet peut être vue, que ce soit directement ou indirectement.

 

L'orateur a évoqué les tentatives anciennes les plus importantes, qui sont toutes basées sur l'idée d'un objet ou de démonter son image en une mosaïque de disques d'intensité variable et, grâce à la propriété du sélénium cristallin de subir de grands changements de résistance lorsqu'il est exposé à une intensité variable, de générer des courants électriques de type variable, dont l'intensité est fonction de la intensité lumineuse correspondante.

 

Ces courants, correspondant aux parties plus claires et plus sombres de l'objet en question, devaient être utilisés en partie pour reproduire une image de celui-ci, ce qui était réalisé en partie par des dispositifs d'un type similaire à ceux utilisés dans certains télégraphes à copie chimique, et en partie par conversion directe des courants en lumière. Il est impossible d'évoquer ici les détails de ces procédures, que l'orateur a brièvement évoquées.

L'orateur a ensuite discuté en détail de la dernière suggestion de ce type de P. Nipkow, qui a été expliquée par un certain nombre de dessins schématiques accompagnant la conférence. Tout ce que l'on peut dire ici, c'est que la méthode de Nipkow représente une utilisation très compliquée mais extrêmement judicieuse d'un grand nombre de résultats récents dans le progrès de la théorie de l'électricité. L'idée de base de la reproduction d'une image en mosaïque est conservée à l'aide d'un disque perforé rotatif, mais au lieu de la sensibilité à la lumière du sélénium, l'énorme capacité d'absorption de la toile métallique couverte de suie pour l'énergie rayonnante, dont la conversion en sa propre chaleur ou expansion, et ce avec le manchon d'un appareil de type microphone utilisé pour générer des courants électriques variables. Ces courants sont ensuite convertis en variations lumineuses à l'aide du manchon du téléphone dont la membrane est transformée en miroir - à l'image de ce que l'inventeur du téléphone, Graham Bell, utilisait déjà avec son photophone. La reproduction de l'image s'effectue alors à nouveau à l'aide d'un disque rotatif étrangement perforé, d'où tombent les différents faisceaux lumineux.

 

Le principe de cette reproduction est donc celui des disques stroboscopiques bien connus. Le mouvement absolument uniforme des deux disques rotatifs aux première et deuxième stations, indispensable ici, est complété par la roue dite phonétique (inventée par le danois La Cour), qui a déjà fait ses preuves dans le nouveau multiplex. la télégraphie et ses fonctions extrêmement fiables (inventées par le Danois La Cour) ont été particulièrement évoquées par l'orateur en raison de sa grande importance. Mais ici aussi, il faut se garder de reproduire les détails significatifs de toute cette procédure compliquée, qui a en fait rapproché le problème de la télévision électrique d'une solution pratique à distance, pour autant que la communication téléphonique soit possible, dans le cadre d'une présentation.

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