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La théorie de Wilhlem von Szigharto
sur le sélénium et les miroirs oscillants (1884) / 
Le témoignages d'Eugen von Taund sur ses expériences déçues (22 mars 1898)

Le 22 mars 1898, sous le titre "Noch ein Vorerfinder des Telektroskops" ("Un autre pionnier du télectroscope"), dans le contexte des revendications de priorité suscitées par l'annonce de l'invention de Jan Szczepanik, le  quotidien viennois Neues Wiener Tagesblatt publie une lettre signée Eugen von Taund racontant comment en 1884, alors qu'il était militaire, il s'était intéressé aux théories du Capitaine Wilhelm von, Szigharto sur le sélénium et les miroirs oscillants et avait dans son sillage essayé de construire un appareil, sans succès étant donné les insuffisances du sélénium.

Eugen von Taund et Wilhelm von Szigharto

 

Peu d'éléments biographiques sont disponibles sur ce Wilhelm von Szigharto (forme germanisée du nom hongrois Szijarto) sinon qu'il apparaît entre 1879 et 1881 dans la revue militaire Die Vedette comme attaché au service d'instruction de la Marine de guerre impériale. 

L'auteur de la lettre, Eugen von Taund est  le Baron Eugen von Taund-Szyll, un électricien spécialisé en matière de télécommunication. Celui-ci apparaît attaché à la Marine de guerre dès 1872. Résidant à Graz, qui a obtenu en 1885 un brevet allemand relatif à un dispositif relais pour la télégraphie. Cet appareil, recourant au sélénium, avait eu droit à un article de deux pages de description dans la revue londonienne The Electrician, 25 April 1885. et à un article de trois pages dans Elektrotechnische Zeitschrift en novembre 1885.  Rien n'indique qu'il ait jamais été utilisé. 

En 1884, Eugen von Taund et Szigharto (orthographié Szygyarto) ont obtenu ensemble le brevet français 158933 pour un système perfectionné de torpilles automobiles

De manière assez étonnante, il apparaît dans l'article '"Erfindungen und Neuerungen" de F. Dragmar paru ke 18 avril 1898 dans Ostdeutsche Rundschau, que  le Baron Eugen von Taund-Szyll est devenu Tondicher, c'esr à dire compositeur, en l'occurence compositeur d'opérettes et maître de chapelle.

 

Né en 1856, il a commencé sa carrière musicale assez tardivement, comme l'indique The encyclopedia of the musical theatre  Sa première opérette, Die Gouverneur, est représentée à Graz en 1890. Après une autre opérette Die Murnixen, montée à Graz en 1891, il obteint un certain succès à Vienne où seront représentées trois autres opérettes Die Lachtaube (1895), Der Wunder Knabe (1896), (qui sera adapté en anglais sous le titre The little Genius), Der Dreibund, dont la première a lieu  au Theater an der Wien,  le 28 avril 1898, soit un peu plus d'un mois après sa lettre sur la gthéorie de Szigharto et ses propres expériences avec le sélénium (Ganzl, 1994). Selon cette encyclopédie, son occupation principale était dans le commerce de détail.. En février 1891, il eu a droit à son portrait en couverture du magazine Der Humorist et son nom apparaît des centaines de fois dans les annonces de spectacles musicaux viennois, jusqu'en 1939. On trouvera deux de ses photographies sur le site du Musée du Théâtre de Vienne. 

 

La, théorie des miroirs oscillants de Szigharto reconstruite par Benedict Schöffler

 

Le courrier de vo n Taund est une réponse à l'article du Neues Wiener Tagesblatt paru dans l'édition du soir du 19 mars, qiui est don,c probablement l'article "Wer erfand das Telektroskop ?" dans l'édition du 20 disponible dans l'hémérothèque ANNO de la Bibliothèque nationale autrichienne. Cet article évoqujait les prédécesseurs de Szczepanik dans l'invention d'un appareil de transmission des images recourant au sélénium, le Commandant Maximilian Plessner et le notaire français Constantin Senlecq, qui avait protesté de sa priorité. Eugen von Saund tient à faire part de sa propre expérience, basée sur les théories que Wilhelm von Szigharto avait développée en 1884, qui est aussi, rappelons le, l'année de la publication de Paul Nipkoiw sur son appareil à disques perforfés.  

Il indique qu'en 1884, von Szigharto avait proposé une théorie de recours aux miroirs oscillants et auc cellules de sélénium pour transmettre les images d'objets et de personnes éclairés par une lumière "mathématiquement constante" et que lui-même avait essayé de construire un appareil mais avait abandonné après avoir constaté les changements imprévisibles de conductivité du sélénium. Il constate que cette question n'est pas traitée dans les comptes-rendus disponibles sur l'appareil de Szczepanik.

 

Comme von Taund ne revendique pas une priorité d'invention, mais indique plutôt une impasse dans le recours au sélénium, il n'y a pas de raison de mettre en cause son témoignage sur Szigharto et sur ses propres expériences. Il s'agit là d'un nouvel indice de l'intérêt porté par les militaires aux potentialités du sélénium.

La référence de Schöffler à Szigharto et von Saund

 

Dans sa brochure Die Phototelegraphie und die elektrische Fernsehen publiée au printemps 1898 en réponse à l'annonce du Telektroskop de Jan Szczepanik, le Major Benedict Schöffler cite la lettre de von Taund et propose une reconstitution de ce qu'était vraissemblablement (le mot wahrscheinlich figure en gras) la théorie de Szigharto, une théorie faisant référence aux miroirs oscillants.

 

Schöffler n'a donc pas eu accès à un texte écrit de Szigharto. Sauf découverte miracle dans les archives autrichiennes, nous ne saurons donc pas si celui-ci connaissait, en 1884, les propositions de Maurice Leblanc (1880) sur les miroirs oscillants et il est donc plus que probable que Szczepanik ne les connaissait pas. 

Szighato et von Saund ne sont pas mentionnés par les historiens classiques de la télévision (Korn und Glatzel, Shiers, Abramson, Burns). 

André Lange; 1er septembre 2024

Brevet von Tand_edited.jpg

Planche du brevet allemand 32992 du Baron  Eugen von Taund-Szyll (1885)

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Planche du brevet français d"Eugen von Taund et W. von Szigyarto pour un système perfectionné de torpilles automobiles (1884) (Source : Archives INPI)

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Eugen von Staund, compositeur. Der Humorist, Februar 1891  SOurce : ANNO / ONB

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Partition de Der Wunderknabe, livret d'Alexander Landesberg et Leo Stein, musique d'Eugen von Taund, 1895   Source : Google Books

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"Der Dreibund" de EUgen Taund dans le magazine satirique viennois Der Floh,  8 Mai 1898

Source : ANNO / ONB

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La figure 10 de la brochure Die Phototelegraphie und die elekttrische Fernsehen de Benedict Schöpffler (1898) à laquelle l'auteur fait référence pour illustrer sa reconstitution de la théorie de Szigharto sur les miroirs oscillants.

"Noch ein Vorerfinder des Telektroskops"
Neues Wiener Tagesblatt, 22 März 1898
Neues Wiener Tagesblayy 22 3V1898.jpeg

"Un autre pionnier du télectroscope"

Neues Wiener Tagesblatt, 22 mars 1898

Nous recevons le courrier suivant :

Cher rédacteur,

 

,A l'occasion de la notice dans votre estimé journal (édition du doir du 19 de ce mois) sur le Telektrostop et le message associé sur la priorité de l'invention ci-dessus, je prends la liberté de partager ce qui suit.


En 1884, alors que j'étais alors officier dans la marine royale et impériale, en collaboration avec le Capitaine de cuirassé de la marine royale et impériale Wilhelm von Szigharto,  j'ai .également apporté, entre autres choses, une solution au problème de la télévision.

 

La théorie de Szigharto était la suivante.

On place n'importe quel objet, personne en un point fixe dans l'espace sous  une source de lumière mathématiquement constante en succession infiniment rapide dans toutes les parties accessibles par les rayons lumineux, de sorte que, pour le dire en termes populaires, toutes ces parties étaient explorées par les rayons lumineux en l'espace d'une seconde, par exemple. Les rayons lumineux réfléchis par l'objet tombent sur un petit miroir qui se déplace de manière synchrone avec la source lumineuse et enregistre donc toujours l'image des parties de l'objet qui viennent d'être éclairées par la source lumineuse.

 

Ce miroir émet désormais les rayons lumineux réfléchis vers une cellule au sélénium qui, grâce à sa propriété de modifier sa conductivité électrique lors de l'exposition à la lumière, permet de produire le processus inverse - le sélénium téléélectrique - dans une station distante au moyen d'un appareil en fonctionnement synchrone.

 

Selon les comptes-rendus sur l’invention de Szczepanik, l'invention de celui-ci semble être tout à fait identique ou très similaire à celle réalisée par Szighssarto en 1884. Rien n'est indiqué dans toutes les notes sur Szczepanik concernant la condition principale du bon fonctionnement de l'appareil, qui est la source de lumière mathématiquement constante. La poursuite du succès de l'expérience nécessite une conformité absolue des cellules de sélénium
 

Moi-même, dans mon ancien laboratoire physico-électrotechnique, j'ai utilisé des cellules de sélénium pendant un an et demi.  Je n'ai pas obtenu la conformité souhaitée des cellules de sélénium et je crois à peine que cela sera possible. À la suite de l'exposition, en plus du changement prévu de résistance électrique, le sélénium subit un changement successif et absolu de sa capacité de conduction, qui est imprévisible et peut être attribué aux changements moléculaires et chimiques du sélénium qui se produisent lorsqu'une telle cellule est exposée. L'électricité y circule et c'est aussi la raison pour laquell je ne me soucie plus de la découverte de Szigharto. Je connais la source de lumière mathématiquement constante que voulait utiliser Szigharto.

 

si je ne me trompe pas, Szigharto est à présent décédé..

 

Avec mes respects

 

 Eugen von Taund

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