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Le canular belge et féministe qui fit réagir Graham Bell :
le spectographe du Dr. Sylvestre
 
 
OSIOZ, "La vue à distance - Le spectrographe"
L'Indépendance belge, 15 décembre 1901
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Un canular belge

 

La Belgique, qui a été à la fin du 19ème siècle une des principales puissances industrielles mondial et qui, grâce à l'invention de la dynamo par le liégeois Zénobe Gramme, a joué un rôle important dans l'invention en matière d'électricité, n'occupe qu'une place discrète dans l'histoire de l'invention de la télévision. Décrit en 1898, le téléphote de Gaston Dolne, un inventeur peu rapidement qualifié par la presse locale d'"Edison liégeois", est purement anecdotique. Dans le domaine de la téléphotographie, les travaux de Carbonelle sont rapidement éclipsés par ceux d'Arthur Korn et d'Edouard Belin. En définitive, la contribution belge la plus remarquable sera, en 1901, un canular, qui va obliger Graham Bell lui-même a sortir de sa réserve sur une question qu'il n'a pu résoudre et sur laquelle il est devenu très sceptique. L'histoire de ce canular voit également la première contribution féminine, fût-elle modeste, à l'histoire de la télévision.

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Le canular du spectrographe du Dr. Sylvestre est lancé  le 15 décembre 1901 par l'Indépendance belge, un quotidien bruxellois de réputation internationale. Il est signé Osioz, un pseudonyme qui évoque plus l'oisiveté que le sérieux scientifique et dont retrouve la signature une quarantaine de fois dans le journal entre 1899 et 1903. Le récit n'a pas grande originalité, mais se présente comme l'interview exclusive de l'inventeur, un Dr. Sylvestre, d'origine américaine, directeur d'un cabinet dentaire sur les Champs-Elysées. Le spectrographe, de manière désormais classique, est défini comme un complément visuel du téléphone. Peu de détails techniques sont fournis, car l'inventeur tient évidemment à protéger son invention et à la commercialiser. Tout au plus le journaliste observe-t-il une sorte de gros crayon sur le bureau du dentiste, dont il suspecte qu'il s'agit de l'appareil en question. Le Dr. Sylvestre indique simplement que la solution est peu coûteuse et qu'elle fonctionne aussi bien par télégraphe que par téléphone. Le récit évoque la question des brevets et de l'intérêt du pouvoir - personnifié par le roi Léopold II pour la Belgique et par Léon Mougeot, sous-secrétaire d'État aux Postes et Télégraphes du 5 juillet 1898 au 7 juin 1902  Les expériences sont censées avoir été menées en collaboration avec celui-ci.

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La spectographie, une invention féministe française

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Une variante du récit est proposée (sans citer la source belge) en France par le journal féministe La Fronde le 17 décembre 1901 sous le titre "La spectographie". (cette fois sans r) Le thème classique des menaces pour la vie privée que représente un téléphone visuel, qui n'était qu'esquissé dans l'article belge, est plus développé. La principale différence est que le sous-secrétaire d'Etat Mougeot n'a pas encore vu l'appareil fonctionner et refuse d'entrer en négociation tant qu'il ne l'aura pas vu. L'article est signé par l'écrivaine Marie-Louise Néron. Il est repris dans le journal alsacien bilingue Express le 28 décembre sous le titre "Lettre de Paris". On pourrait penser que Marie-Louise Néron commet un plagiat.

 

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Marie-Louise Néron

(Source Bibliothèque Marguerite Durand)

En fait, La Fronde avait publié le 13 avril, sous la signature de Marianne Vilain, un article "Merveille de l'électricité" qui affirmait qu' "on a déjà trouvé  le principe de la spectographie, c'est à dire qu'il,sera possible à deux personnes placées à des milieux de lieues et à distance l'une de l'autre, de se distinguer dans un miroir". Le journal précisait "Cela ressemble à un conte de fée et ce n'est que la dernière constatation des dernières découvertes de la science". L'article évoquait ensuite la conférence tenue en Sorbonne d'un inventeur américain, venu présenter en Sorbonne son appareil permettant de transmettre l'écriture à distance,  le télautographe, Un télautographie avait été inventé en 1888 par Elisha Gray, le concurrent malheureux de Graham Bell dans l'invention du téléphone, et avait retrouvé quelque actualité en ce début de siècle : Elisha Gray était mort le 21 janvier 1901, mais une amélioration de son appareil avait été présentée quelques mois auparavant par un de ses élèves, Foster-Ritchie sous le nom de télautographe Gray-Rictchie. Présenté en janvier 1901 au sous-secrétaire Mougeot, l'appareil faisait l'objet d'articles de presse et de conférence.

 

Il est en fait fort  probable que Osioz, Marianne Villain et Marie-Louise Néron ne sont qu'une seule et même personne : on sait en effet que, dans La Fronde,  Marie-Louis Néron signait de différents pseudonymes. Par ailleurs elle est une collaboratrice régulière de L'Indépendance belge, où elle tient la chronique "Notes d'une Parisienne" (1). Un article sur le télautographe Gray-Ritchie apparaît dans la chronique scientifique du quotidien belge le 23 avril 1901, soit dix jours après celui de La Fronde. L'article du 13 avril dans La Fronde serait ainsi la première esquisse du canular. Quoi qu'il en soit, Marie-Louise Néron et sa probable soeur jumelle Marianne Vilain sont les deux premières femmes qui apparaissent dans cette histoire de la télévision, autrement que comme personnage dans des cartoons ou des graphiques d'appareils.

 

L'article original, signé cette fois Ozioz, est publié dans Le Petit Troyen, le 27 décembre 1901Avec cette reprise dans un quotidien régional, le canular belge s'éteint dans la presse francophone, mais il va connaître un développement que son auteur n'avait probablement pas imaginé. 

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Le télautographe Gray-Ritchie

(1) Née en 1866, Marie-Louise Guenault, épouse Passerieu, dite Marie-Louise Néron est une des premières femmes admises à l'Association professionnelle des journalistes. Voir RYNER H., Le massacre des amazones: études critiques sur deux cents bas-bleus contemporains, Chamuel, Paris, 1899, pp.149-151 . THERENTY M.E., Femmes de presse,  femmes de lettres - De Delphine de Girardin à Florence Aubenas, CNRS Editions, 2019.

L'audience du canular dans les pays anglo-saxons

 

Le piquant est que ce canular, qui ne semble pas avoir eu beaucoup d'écho en Europe, est repris dès le lendemain, par le New York Times,  par le New York Sun,  et à leur suite par un câble de l'agence de la Herald Publishing Company et de nombreux  journaux locaux. Spectograph est écrit sans -r après le t-, contrairement à l'article d'origine. La presse de vulgarisation (Electricity, 18 December 1901; The Christian Advocate, 19 December 1901 ; Western Electrician, 28 December 1901) suit le mouvement.

 

Dès le 17 décembre apparaissent des commentaires critiques. Ainsi The Salt Lake Herald, sous le titre "An unopopular invention"objecte que le spectograph contraindra les abonnés à toujours être habillés en tenue décente à domicile, que ce soient les Maudies pour répondre à leurs amies ou les mandataires publics pour répondre à leurs électeurs. The Evening Times imagine que lorsque les standardistes pourront voir les hommes en ligne, il y aura moins de grondements et de glapissements ou encore que les messieurs ne pourront arguer de charges de travail importante pour prendre prétexte de rentrer tard. Le 18 décembre, The Star-Gazette écrit que l'horrible invention va détruire la paix des familles en détruisant l'argument de l'"urgent business" qui permettait aux maris d'aller jouer au poker et que les standardistes vont démissionner par milliers, fatiguées de devoir affronter les grimaces et mimiques des hommes.  

 

Le 19 décembre, le San Francisco Call  consacre un grand cartoon au spectograph pour illustrer les embarras résultant du visionnement de son interlocuteur. Le 21, The Evening Star (Washington) qualifie l'appareil d'"invention du diable" : "No man of delicacy and prudence wishes his wife to see everything". Le 26, The Shepherdstown Register affirme que, de même que les rayons Roetgen qui permettent de voir au travers des murs, le spectograph en permettant de voir tout va rendre impossible le courting.

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Le 19 décembre 1901 paraît dans The Baltimore Sun, un récit beaucoup plus détaillé avec une déclaration du Dr. Sylvestre qui aurait été faite par câble au journal. L'article est daté "New York, 18 December 1901". Il est possible que cet article soit repris d'un journal new-yorkais, mais nous n'en avons pas repéré de publication antérieure. La déclaration du Dr. Sylvestre - probablement inventée aux Etats-Unis car nous n'avons pas retrouvé de détails similaires dans la presse française ou belge - contient de nouveaux détails pittoresques. Le Dr. Sylvestre aurait découvert le spectographe par accident, simplement en écoutant un opéra au théâtrophone : le spectacle lui serait apparu en direct, en couleurs, sans autre manipulation ! De son bureau parisien, il a pu voir le central téléphonique de Marseille. Il a également communiqué par téléphone avec le "French Postmaster-General" Mougeot et a étonné celui-ci en lui décrivant son apparence et ses habits. Aucune des diverses expérimentations n'a échoué et l'appareil pourra être commercialisé au prix très abordable de 3,75 $. L'appareil va faire disparaître le télégramme car il est possible de faire voir à son correspondant un texte posé sur un verre de vision (looking glass). Un contrat de 5 millions de dollars est en négociation avec le Postmaster-General et dès que celui-ci sera signé, une grande démonstration aura lieu dans la Galerie des Jardins au Champ de Mars. Assez curieusement pour une communication censée envoyée par câble, le Dr. Sylvestre est en mesure de montrer l'appareil : un petit miroir circulaire, avec un trou au milieu, dans lequel est vissé une ampoule électrique d'une puissance de 1,1 chandelle. Celle-ci est connectée au téléphone par un morceau de gomme à effacer, alors qu'un instrument en forme de crayon connecte l'appareil au courant. Deux acides se mélangent goutte à goutte dans une machine qui ressemble à une torpille d'une longueur de trois pouces. Ce processus produit sur le miroir une flamme phosphorescente connectées avec les  pôles et le crayon. 

 

Le canular belge est également repris en Angleterre, dans le Coventry Evening Telegraph, sous le titre "Seeing by Telegraph" puis dans un journal néo-zélandais New Zeland Mail 5 March 1902 sous le titre "A Telephonoscope".

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New York Times, 16 December 1901

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The Evening Times, Washington, 18 December 1901

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The Evening Times, Washington, 18 December 1901

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Galerie du Palais des Arts libéraux au Champ de Mars. Construit pour l'Exposition de 1889, il avait été détruit pour libérer de l'espace pour l'Exposition de 1900  et n'existait donc plus en 1901 !(Source : CNAM)

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La une du journal féministe La Fronde du 13 avril 1901 lançant le canular de la spectographie.

"A Telephonoscope", NewZeland Mail, 5 March 1902

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San Francisco Call 19 December 1901

L'intervention de Graham Bell

 

Aux Etats-Unis, le succès du canular est tel que Graham Bell, qui ne s'est plus prononcé sur la question de la vision à distance sur l'électricité depuis 1894, sort de sa réserve.

 

L'examen du contexte permet de comprendre pourquoi Bell est monté au créneau pour contrer une futilité telle que le spectograph. En ce mois de décembre 1901, il est surtout intéressé par les travaux de Marconi et l'invite par télégramme à venir mener des expériences dans sa propriété de Cape Breton Island. Trois jours avant la publication du canular à Bruxelles, le 12 décembre 1901, Marconi vient de réaliser la démonstration de la première liaison transatlantique entre Poldu en Cornouailles et Signal Hill (Terre-Neuve, en anglais New Foundland). La T.S.F. (wireless telegraphy) longue distance représente un défi évident pour les activités des entreprises de téléphonie, d'autant que les brevets de Bell sont arrivés à expiration sur le téléphone ont expiré en 1894 et que l'American Telephone & Telegraph, qui exploitait ses brevets, ne maintient sa position dominante sur le marché longue distance que grâce à ses positions acquises. Les sociétés indépendantes cherchent à obtenir des réglementations (injunctions) limitant ce pouvoir. Une caricature du St Louis Republic du 19 décembre représente Bell, empêtré dans les fils pendant d'un poteau téléphonique humiliant, un document d'injunction à la main, se précipitant vers un Marconi détendu, les mains dans les poches, installé devant un poteau émetteur et une pancarte indiquant "New Foundland". Dans ce contexte, l'annonce d'une nouvelle invention de vision à distance, risquant de perturber le marché, et d'éventuelles négociations avec Marconi, qui répond très rapidement, de manière positive, à l'invitation d'une rencontre à Cap Breton, ne pouvait qu'agacer Bell. 

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Le 20 décembre, The New York Evening World publie un entrefilet : ""Seeing by Telephone is only a Fairy Tale" said Prof. Alexander Bell to a World correspondant yesterday. Most of us are more than content when we can hear it".  Le lendemain, The Boston Globe titre "Seeing by Telephone. Professor Bell Takes no Stock in the Alleged Paris Discovery". L'article signale également u'un Prof. John E. Andrews prétend avoir inventé le même appareil sous le nom de telectroscope quinze ans plus tôt, invention dont nous ne trouvons aucune trace.

 

A partir du 26 décembre, on trouve dans divers journaux locaux un récit plus détaillé de l'intervention de Bell, parfois couplé avec les déclarations du Dr. Sylvestre telles que rapportées par le Baltimore Sun (The Fort Worth Record and Register, 26 December 1901 ; The Nebraska Independent, 26 December 1901 . The Marion Daily Star, 26 December 1901The Atchinson Daily Globe, 26 December 1901 . Lawrence Daily Journal, 30 December 1901, Marysville Journal Tribune, 31st December 1901). Nous n'avons pu identifier la source première de ces déclaration de Bell, qu'il s'agisse d'un communiqué d'agence ou de la reprise d'un journal new-yorkais. Les articles indiquent "New York, 25 December 1901". Bell aurait-il fait sa déclaration le jour de Noël ? Il est plus probable que la déclaration est la mêm que celle dont le Boston Globe a publié un résumé le 21.

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La déclaration de Bell est une moins réfutation de l'invention "de Paris" qu'un historique de vingt et un ans de canulars et d'annonces prématurée "La vision à distance par l'électricité a atteint sa majorité. Voir par téléphone ou par télégraphe  est dans l'ordre des choses possibles. Je le dis car rien n'est impossible tant qu'on n'a pas démontré qu'il en est ainsi. Voir par l'une de ces modalités, cependant, lorsque je me réfléchis à cette question, est tellement loin des probabilités que je dois considérer tout rapport de cette espèce comme une absurdité". 

 

Bell reconnaît qu'il a pu contribuer, par l'invention de son photophone, à l'illusion que la transmission d'images serait possible. Il rappelle que c'est à partir de l'annonce du dépôt au Smithonian Institute de son pli secret concernant le photophone qu'on commencé les annonces. Il envoie des coups de griffes au Dr. Licks, à Ayrton et Perry, "deux professeurs anglais bien connus"dont il moque la prise de position indignée, à Sawyer, à Henry Sutton, qui n'est pas nommé mais qui est désigné comme "un Australien" et au Scientific American qui a entretenu un débat sans objet en défendant un de ses clients à qui l'on aurait volé la priorité de son invention (Bell vise probablement ici George R. Carey)"Il n'a rien dans l'histoire que je lis qui indique que cette histoire n'est rien d'autre qu'un conte de fée".

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L'intervention de Bell est complétée par un éditorial moqueur de The Harper's Weekly (2), un magazine influent dans lequel publient notamment Theodore Roosevelt et Woodrow Wilson, et qui, ce 28 décembre consacre sa couverture à Marconi. Associant la démonstration de communication transatlantique effectuée par Marconi, l'invention du dentiste réalisée au théâtrophone pendant qu'il émaillait un dentier et une conférence à New York entre capital et travaillant débouchant sur la création d'un comité de 36 gentlemen chargés de résoudre les problèmes d'intérêts et de sentiments de ces deux agents de civilisation, l'éditorialiste plaisante sur la possibilité de mener des négociations intercontinentales avec l'Europe, et peut-être même avec la Chine et la planète Mars, et pourquoi pas Saturne. "Le pas entre ces événements et la fédération de la planète est à peine plus grand que celui du ridicule au sublime". Evoquant la célèbre medium Leonora Piper, l'auteur estime que, puisqu'il ne coûte que 3,5 dollars, les pouvoirs miraculeux du spectographe du Dr. Sylvestre devraient être un peu perfectionnés de manière à pénétrer l'autre monde et nous livrer ses mystères.

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Marconi, finalement, ne rencontra pas Bell et ils n'eurent donc pas l'occasion de plaisanter sur le canular belge du spectographe inventé par le Dr. Sylvestre. Ce canular resta cependant dans les mémoires. Il sera encore cité en 1906 lorsque deux nouveaux prétendants, Fowler et Thomson, respectant le cycle de cinq ans observé par Graham Bell prétendront avoir mis au point un nouvel appareil, le Televue (3). 

 

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André Lange, 30 juin 2020

 

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Graham Bell et Guglielmo Marconi ,The St Louis Republic, 19 December 1901

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Boston Globe, 21 December 1901

(2) Comment", The Harper's Weekly, 28 December 1901.

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Guglielmo Marconi en couverture du Harper's Weekly du 28 décembre 1901

(3) "Now it is Seeing by Telephone", New York Daily, 26 July 1906 et "Seeing By Electricity", Electrician and Mechanic, August 1906 

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Minneapolis Daily Times, 8 March 1903

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