top of page
Arthur Korn (1870-1945), un des inventeurs majeurs de la téléphotographie.

2. La conférence à L'Illustration (Paris, 1er février 1907) et ses développements

La conférence d'Arthur Korn dans les locaux de L'Illustration, le 1er février 1907

(Source : Supplément au numéro du 9 février 1907 de L'Illustration)

Le contrat avec L'Illustration et la conférence du 1er février 1907

Les projets commerciaux du Professeur Arthur Korn vont-ils se réaliser ? Le 8 décembre 1906, L'Illustration publie un nouvel article sur l'appareil de téléphotogarphie amélioré et annonce un accord, signé avec le professeur-inventeur le 21 novembre à Munich, par lequel la revue acquiert les droits exclusifs de l'invention pour la France jusqu'en juillet 1909.  

 

Une présentation est annoncée pour janvier 1907 et la mise en service pour la mi-1907. L'article insite sur l'aspect de soutien à l'inventeur que suppose cet accord.  Les applications envisagées pour l'appareil : outre les applications évidentes pour la presse et pour le travail de la police judiciaire, l'article évoque également les renseignements militaires et les avertissements météorologiques sous forme de cartes. L'article conclut "si la vitesse de transmission augmentant, (le système de Korn) permettait un jour de transmettre instantanément des vues animées, il aurait résolu du même coup le difficile problème de la vision à distance".  On reconnaît là l'argument - à la fois prudent et, à l'époque, optimiste - de Korn sur la possibilité d'arriver un jour à la télévision. (Voir sur ce site la page "Korn et la télévision").

L'article annonce également que l'appreil va être réalisé à Paris dans les ateliers de Jules Carpentier, un ingénieur électricien, constructeur réputé d'instruments optiques, primé à l'Exposition universelle de 1900 et qui a également travaillé avec Léon Gaumont pour mettre au point un stéréoscope.

Des essais sont réalisés les 16 et 19 janvier sur le circuit Munich-Nurenberg, avec notamment des photographies du Président Théodore Rossevelt et du roi d'Angleterre Edouard VII. L'image de l'appareil face à une carte représentant le circuit Münich-Nürenberg, probablement iinspirée par une publication allemande, sera adaptée pour la couverture de L'Illustration le 2 février 1907, représentant la ligne Paris-Lyon. Elle sera souvent reproduite dans la presse et les ouvrages décrivant l'invention.

 

Illustration 3328 b_edited.jpg
circuit Munich Nurenberg_edited.jpg

L'appareil de Korn devant la ligne Muncih-Nürenberg (Deutsches Museum / Coopersmith)

illustration 2 2 1907_edited.png

L'appareil de Korn devant la ligne Paris-Lyon

Couverture de L'Illustration, 2 février 1907)

La conférence annoncée aura lieu le 1er février 1907, dans les locaux de L'Illustration, rue Saint-Georges,  à l'invitation de René Baschet, directeur de l'hebdomadaire. L'hebdomadaire publiera un supplément de 8 pages à son numéro du 9 février pour célébrer l'événement et faire connaître l'appareil à son public.

 

L'assistance est nombreuse et brillante, réunissant différentes personnalités, dont Louis Barthou, Ministre des Travaux publics, Julien Symian, Sous-Secrétaire d'Etat aux Postes et Télécommunications, les députés Jean Jaurès, Aristide Briand et Georges Leygues, des membres de l'Institut, le mathématicien Emile Picard, l'astronome Camille Flammarion, les aviateurs Henry de la Vaulx et Santos-Dumont, le journaliste Henri Rochefort, le Prince Radolin, ambassadeur d'Allemagne, l'ambassadeur d'Italie, M. Kurino, ambassadeur du Japon,  Tang Tsai Fou, diplomate chinois, Samad Khan ministre de Perse, le Prince Roland Bonaparte, le peintre Poilpot et d'autres célébrités du moment. Le New York Tribune (3.2.1907) indique également la présence du Premier Ministre Georges Clémenceau, mais elle n'est pas signalée par la presse parisienne. Les ouvriers du journal assistent également, au fond de la salle, entourant les machines ou montant sur elles pour mieux voir. Le British Journal of Photography (8.2.1907) a également repéré la présence de Nadar. Le photographe avait alors 86 ans, et, s'il était là, a du penser à son article "Tournachon vengé". 

Le Professeur Korn utilsa un projecteur pour expliquer avec des graphiques le fonctionnement de l'appareil et l'historique des expériences. Des photograhies ayant fait l'objet des expériences de transmission furent également projetées. "Les résultat se manifestent aussitôt sur un écran à projections, écrit L'Univers, où les assistants, émerveillés, voeint défiler les images de Guillaume II, d'Edouard VII, du président Roosevelt, de M. Poincaré, qui fut le maître du professur Korn; de l'ingénieur électricien Carpentier, et enfin celle du président de la République, que le fil télégraphique vient de transmettre de Lyon à Paris en moins de douze minutes, pendant qu'avait lieu la conférence". 

 

Korn reprit dans sa conférence les arguments déjà tenus dans son entretien avec le Münchner Neueste Nachrichten sur les utilisations envisagées, mais en reconnaissant qu'il pensait que le premier marché aurait été celui de l'information policière et qu'il remerciant chaleureusement René Baschet, le directeur de L'Illustration, de lui faire réaliser que la presse pourrait être le principal marché. Outre la photographiez stéréoscopique des criminels, on pourra également transmettre des écritures et des cartes météorologuqyes. 

 

L'inventeur annonce que dès l'été de cette année 1907 quatre stations seront opérationnelles à Münich, Berlin, Paris et Londres. Il reprend enfin ses arguments sur les problèmes à résoudre pour arriver à la vision à distance, en précisant qu'il ne semblait point impossibke qu'un jour la vision à distance puisse être réalisée par la science..

 

conferencier_edited.jpg

Korn décrit le poste émetteur à l'aide d'une

projection (Supplément à L'Illustration, 9 février 1907)

s-l1600_edited.jpg

Les ouvriers dans les locaux de L'Illustration , le 1er février 1909 (Supplément à L'Illustration, 9 février 1907)

René Baschet_edited.jpg

René Baschet, Directeur de L'Illustration 

(La Revue illustrée, 15 mars 1904)

Illustration 9 fév 1907  1_edited.jpg
L'Univers 3 février 1907_edited.jpg

L'Univers, 3 février 1907.

Daily_Mirror_1907_02_05_9_edited.jpg

Le pubic distingué assistant à al conférence du Professeur Korn. Le Ministre des Travaux publics Barthou est signalé par une croix blanche.

The Daily Mirror, 5 February 1907

equipe.jpg

Supplément à L'Illustration du 9 février 1907

poste transmetteur.jpg

Supplément à L'Illustration du 9 février 1907

edouard vii_edited.jpg
appareil actuellement_edited.jpg
roosevelt_edited.jpg

Photographies montrées par Korn durant la conférence du 1er février et reproduites dans le Supplément de L'Illustration du 9 février 1907

Le "clou" de la soirée était la transmission de la photographie du Président de la République Armand Fallières sur une ligne téléphonique Paris-Lyon-Paris, soit 1024 kilomètres. Une intrerférence brève (de douze secondes) provoqua l'inscription sur la photo reçue de deux raies noires et blanches, dont L'Illustration écrira qu'elles sont "le témoignage tangible de la réalité d'une expérience dont le succès fut considérable".

falliere essai.jpg
falliere conference.jpg
falguiere_edited.jpg

La photographie du Président Fallières après transmission sur le circuit Paris-Lyon-Paris.  A gauche la transmission réalisée le 25 janvier pendant les essais, au centre la photo obtenue le jour de la conférence, le 1er février 1907 et à droite la photo renvoyée en octobre 1907 depuis les locaux du Lokal Anzeiger (Berlin) à ceux de L'Illustration (Paris).

L'écho international de la conférence

La conférence eu un écho immédiat dans la presse française et internationale, renforçant la gloire du Professeur Korn déjà acquise depuis les premières publications dans la presse populaire de 1904 et 1906.

 

La presse parisienne célèbre la conférence de manière unanime, souvent en première page et la presse régionale lui fait écho dans les jours suivants.

 

Le 3 février, Le Temps écrit :

 

"Le résultat obtenu est si voisin de la 'vision à distance' par fil, et même par télégraphie sans fil, dont les savants s'occupent en ce moment, que l'on entrevoit déjà comme tout à fait possible la réalisation purement optique.

Alors, ajoutons-y le téléphone sans fil, que l'on nous promet aussi à bref délai et dites-nous si le transport de la "personnalité" ne se trouvera pas ainsi obtenu sous une forme pratique et effective ? Quels admirables progrès réalisés et combien d'autres en perspective !".

L'anecdote des raies blanches sur la photo du Président Fallières n'est guère rapportée et les journaux qui publient la photographie utilise celle obtenue lors du test du 16 janvier. 

Emile Berr, le journaliste du Figaro, rapporte l'entretien du Professeur Korn avec le Ministre Barthou au sujet de ces raies blanches et noires :

figaro a_edited.jpg
figaro 2_edited.jpg

Le Figaro, 2 février 1907

Le Journal_edited.jpg

Le Journal, 2 février 1907

Le petit journal 2 2 1907_edited.jpg

Le Petit Journal, 2 février 1907

Le Matin 2 2 1907_edited.jpg

Le Matin, 2 février 1907

Le Temps 3.2_edited.jpg

Le Temps, 3 février 1907

Quelques titres reviennent par la suite sur l'événement, avec de nouvelles illustrations. C'est en particulier le cas du quotidien Le Matin et du mensuel de vulgarisation scientifique Je sais tout (19 avril 1907). Le Matin, dans son édition du 8 février raconte comment il a sollicité le Professeur Korn pour une vérification de l'expérience. Cinq portraits photographiques (ceux du Premier Ministre Clémenceau, du Roi Edouard VII, du compositeur Camille-Saint Saëns, du chimiste Berthelot et de la comédienne Julia Bartet ont été transmis de Paris à Lyon, malgré une tempête de neige qui bloque certaine lignes. Seule l'oreille du souverain britannique a été affectée par une perturbation de la ligne.

Le mensuel Je sais tout consacre sa couverture du 8 avril à la photographie de Korn, livre un article détaillé, qui propose notamment une curieuse illustration sur l'utilisation de l'appareil dans une opération d'identidfication de criminels, le thème de prédilection de l'inventeur. En arrière plan de la traditionnelle séance de présentations de suspects, on aperçoit deux policiers à un poste de réception de photographies.

je sais tout_edited.jpg

Arthur Korn en couverture de 

Je sais tout, 18 avril 1907.

Le MAtin 8 2 1907.jpg

Le Matin, 8 février 1907.

Le Voleur illustré_edited.jpg
détail_edited.jpg

Utilisation de la téléphotographie Korn par la police  (Je sais tout, 18 avril 1907) ; Le Voleur illustré, (9 juin 1907), The Windsor Magazine, July 1907) (Source Gallica / BNF)

Illustration 3328 b_edited_edited.jpg

L'appareil de Korn , in Bulletin de l"association belge de photographie, janvier 1907

La presse technique et scientifique va évidemment rendre compte de la conférence. Shelford Bidwell, qui fut le premier en 1881, à faire une démonstration publique d'une transmission à distance d'images fixes, sera également un des premiers à célébrer la réussite de Lorn, dans son article "Practical Telephotography" (Nature, August 1907) l'efficacité de l'appareil de Korn. Dans les mois qui suivent, les comparaisons entre l'appareil de Korn et les propositions concurrentes (Edouard Belin, Pascal Berjonneau, Carbonnelle, Senlecq-Tival,...) se multiplient (voir sur ce site bibliographie "Histoire de la phototélégraphie et de la télécopie).

La nouvelle de la conférence circule très rapidement dans la presse anglophone, mais The Daily Mirror est apparement le seul journal européen non français qui a eu le droit de reproduire la photographie du Président Fallières. Le quotidien britannique s'est rapproché à la fois de l'inventeur et de l'hebdomadaire, dont il va devenir le partenaire privilégié pour les échanges de photographies. La rencontre à Paris, chez la comtesse Greffuhle, le 10 février, entre le Professeur Korn, le roi Edouard VII, la reine Alerxandra, Jules Carpentier et Edouard Branly a certainement aidé à ce rapprochement.

Aux Etats-Unis, c'est le New York Times  qui est le premier à fournir des illustrations issues de la conférence, mais elles ne sont publiées que le 24 février : elles ont dû faire la traversée en bateau. Et encore, mis à part l'image avec l'appareil et le circuit Paris-Lyon, il s'agit des photographies de 1906. The Scientic American fait sa couverture le 14 février avec la photographie du Konprinz, mais les illustrations de l'article sont celles de l'appareil de 1903. Il ne  publiera la photo du Président Fallières que le 26 octobre, dans un article où les portraits des rois Léopold II et Edouard VII transmis par le téléautographe de l'inventeur belge Carbonelle sont mieux mis en valeur. 

Atlantic_City_Gazette_Review_1907_02_08_

Atlantic City Gazette, 8 February 1907.

Illustrazione Italiuana 1907_edited.jpg

L'appareil de Korn

(L'Illustrazione italiana, 10 marzo 1907)

Le poste téléphotographique Korn, La Nature, 4 juillet 1908,

The_New_York_Times_1907_02_24_Page_7_edited.jpg

The New York Times, 24 February 1907

Sc AMer 26 10 1907_edited.jpg
Sc Amrer 26 10 1907 Edward VII_edited.jpg

Portraits des rois Léopold II et Edouard VII transmis avec le procédé Carbonnelle 

(Scientific American, 26 October 1907)

The Sphere March 1907_edited.jpg

The Sphere, March 1907

La réception en Allemagne

 

La réception de la conférence en Allemagne, et d'une manière générale des travaux de phototélégarphie, demanderait une recherche spéciale qu'il ne nous est pas possible de mener, notamment parce que la numérisation des archives de presse est plus dispersée, moins complètes et moins fonctionnelle que dans les autres grands pays, ou même qu'en Autriche. En particulier les archives des journaux illustrés, et notamment du Berliner Lokal Anzeiger qui s'intéresera au procédé Korn, ne sont pas disponibles en ligne. 

 

Il semble qu'une certaine jalousie se soit manifestée par rapport à l'évément parisien. Le corrrespondant de l'Allgemeine Zeitung, Nikolaus Artes,  termine son article du 5 février en rappellant qu'il ne faut pas oublier que le Professeur Arthur Korn est allemand et que c'est en Allemagne qu'il mène se travaux. 

Le 19 février, Korn fait une conférence à la Verrein fur Naturstudie de Munich, mais sans démonstration. Des expériences sur la ligne Munich-Berlin sont annoncées pour la mi-avril.

 

Des rumeurs semblent avoir circulé sur les projets de Korn jusque dans la communauté allemande aux Etats-Unis. Ainsi le Deutsche Correspondant de Baltimore, sous le titre "Bilder under der Ocean ?" évoque des discussions qui auraient lieu pour la constitution d'un consortium international de journaux pour exploiter l'invention. Sont cités The Daily Mirror à Londres, Politiken à Copenhague, Dagen Nyheter à Stockholm, Le Matin à Paris et Collier's Weekly à New York.  Il est question d'ouvrir des stations à Münich, Vienne, Trieste, Rome, Naples, Paris, Londres, Stockholm et Copenhague. Le projet d'un voyage de Korn aux Etats-Unis est évoquée.

 

Le 27 mars, le professeur est à Berlin pour faire une démonstration de son appareil au couple impérial. L'Empereur Guillaume II se dit enchanté. Fin mars, la presse allemande annonce que Korn est à Paris pour expérimenter la liaison Paris-Munich. La nuit du 16 au 17 avril, les portraits de l'Empereur et du Prince régent de Bavière sont transmis avec succès, en six minutes, de Munich à Berlin. Des essais de transmission entre Vienne et Munich sont annoncés.

Du 15 avril au 15 mai, il mène des expériences de transmission entre Munich et Berlin, dont il fera un compte rendu dans la revue Elektrotechnische Zeitschrift.

Le 19 octobre des expériences de transmission se font entre Berlin et Paris : une photographie du Président Fallières est envoyée depuis Paris à Berlin et celle de l'Empereur Gullaume II du Berliner Lokal-Anzeiger à L'Illustration. En octobre également, le quotidien danois Politiken fait installer une ligne de transmission dans son bureau de Berlin et la police de Berlin manifeste de l'intérêt pour l'appareil. 

danois_edited.jpg

Extrait d'une reproduction du tableau Das wichtige Geheimnis. Transmis depuis Berlin (?)

Reproduit dans Korn und Glatzel, Handbuch, 1911

Allgemeine Zeitung 28 3 1907_edited.jpg

Allgemeine Zeitung, 28 März 1907

Der_Deutsche_Correspondent_1907_03_23_Page_3_edited.jpg

Der Deutsche Correspondent,

Baltimore, 23V March 1907

La Petite Gironde 30 10 1907_edited.jpg

La Petite Gironde, 30 octobre 1907

illustartion 2 nov 1907.jpg

L'Illustration, 2 novembre 1907

Bulletin offocile 1.jpg
edouard vii.jpg

Il s'agit probabkement de la photographie du Président Fallières envoyée de Paris à Berlin le  19 octobre 1907.  Source : Bulletin officiel (Union syndicale des maîtres imprimeurs de France), n° 6, juin 1912

Korn quitte l'Université de Munich

 

Fin 1908, Korn démissionnne de son poste d'enseignant à l'Université de Munich. La nouvelle est annoncée dans le Neue Münchner Nachrichten et dans le Allgemeine Zeitung le 14 février 1908. Il avait espéré obtenir la chaire de physique devenue vacante après le décès de Bolzmann, mais, sous l'influence de Röntgenn l'Université nomma Arnold Sommerfeld. Les raisons de la démission devaient être exposée au grand jour dans la presse viennoise en 1909. Déçu de ne pas avvoir été nommé, Korn revendiqua un chaîne de mathématique appliquée. Röntgen, le  découvreur des rayons-X, rédiga une note contre cette proposition, estimant que Korn faisait du chantage, que si une telle chaire devait être créée il ne serait pas le meilleur candidat et que ses travaux sur la phototélégraphie étaient d'ordre technique; laissaient sceptiques et n'avaient rien apporté du point de vue scientifique. aura à son égard une attitude antisémite. Selon Röntgen, Korn lui-même avait provoqué son renvoi,  «apparemment parce que la plupart de ses étudiants étaient attirés par la nomination de Sommerfeld, mais en réalité pour obtenir une promotion ».

 

Selon Freddy Ritten (1993), Korn était juif et financièrement indépendant, ce qui déclencha les préjugés antisémites de Röntgen : « les riches peuvent se lancer dans de telles manœuvres, et le font s’ils ont l’impudence sémitique nécessaire».  Comme le note Michael Eckert (2013), "La déclaration de Rontgen indique quels obstacles étaient placés sur le chemin des carrières des professeurs et professeurs associés juifs". 

Korn poursuivra ses travaux à Berlin, Paris, Londres et Wurtzbourg. Il est professeur d'électrophysique à la à la Technische Hochschule de Charlottenburg de Berlin de 1914 à 1936. Il sera à nouveau victime de l'antisémitisme en 1936, lorsque le régime nazi lui retirera ses fonctions à l'Université de Belin. Il quittera l'Allemagne pour le Mexique, puis pour les Etats-Unis.

Korn Rontgen_edited.jpg

LITTEN, F.: "Die Korn-Röntgen-Affäre", Kultur & Technik 17:4 1993, pp. 42-49.

berlin-tiergarten-postkarte-002-1eccbe-640.jpg

Technische Hochschule in Berlin Charlottenburg

(by courtesy of Picriy)

cebemllaud 1_edited_edited.jpg

L'Illustration, 16 novembre 1907

Bell Daili Mirror 45 11 1907_edited.jpg

La photographie de Richard Bell qui avait été publiée dans The Daily Mirror, 4 November 1907

Le Matin 10 12 1907_edited.jpg

La première photographie transmise avec le procédé d'Edouard Belin, publiée par Le Matin, le 10 décembre 1907.

L'Illustration ouvre son service international - La concurrence de l'appareil d'Edouard Belin

Dans la nuit du 27 au 28 octobre 1907 a lieu la première transmission officielle entre Paris et Berlin. Une photographie du couple royal espagnol, en visite à Paris, prise dans l'après-midi, est transmise à Berlin en douze minutes. Le cliché était excellent et paru le lendemain dans le Berliner Lokal Anzeiger.

Le 16 novembre, L'Illustration publie la première photo parvenue de Londres. Il s'agit d'un portrait de Richard Bell, leader syndicaliste, qui est en train de préparer une grève importante des cheminots. Cependant, cette photographie est intégrée dans un article de G. Cerbelaud, "La transmission télégraphique des photographies", qui présente le système d'un inventeur français Edouard Belin. Belin a dévoilé son nouvel appareil à quelques savants le 8 novembre au matin et  le même jour deux articles du Matin  et du Temps annoncent ce nouvel appareil. A la différence de l'appareil de Korn, celui de Belin ne recourt pas au sélénium. Un oscillographe remplace le galvanomètre et l'appareil apparaît comme plus performant que celui du professeur allemand.

Le procédé d'Edouard Belin va rapidement emporter les faveurs de la presse française. Le 9 novembre, Le Matin publie une dépêche en provenance de Londres. Son correspondant a pu recueillir l'avis du professeur allemand sur l'appareil de l'inventeur français. Korn souligne que le principe de l'appareil de Belin (basé sur une exploitation du relief des de l'impression photographique) est complètement différent du sien et pense qu'il est "difficile de rendre un tel appareil absolument parfait à l'heure actuelle, étant donnés les moyens dont nous disposons". Il reconnaît cependant que le système de Belin n'a pas les inconvénients des cellules au sélénium qui limitent la vitesse de la transmission.

Un travail de repérage des photos parvenues de Londres ou de Berlin publiées par L'Illustration reste à effectuer, mais celles-ci ne sont certainement pas nombreuses et, à la différence de celles publiées par The Daily Mirror, ne sont pas valorisées par leur dimension de prouesse technique.

 

L'illustration, dans son numéro du 9 mai 1908, annonce que Jules Carpentier a réalisé un nouvel appareil, plus intégré, qui peut à al fois servir d'émetteur et de récepteur. L'article évoque les photos envoyées chaque jour vers Londres et des communications fréquentes avec Berlin, mais ne mentionne pas de photos envoyées depuis la capitale anglaise. 

 

En fait, le procédé Korn sera rapidement abandonné. Les historiennes de la photographie de presse en France (Denoyelle, 1997 ; Chermette, 2012)., notent que "les photographies transmises sont floues, les détails difficiles à discerner et la transmission est longue et coûteuse". Une des grandes faiblesses du procédé de téléphotographie Korn est surtout qu'il ne permet que la transmission de portraits photographiques, or le public de L'Illustration est déjà habitué à des photographies de scènes, beaucoup plus amples et la prouesse technique n'est pas un argument suffisant pour le satisfaire dans la durée.

 

Arthur Korn a bien compris qu'il doit proposer une alternative, ne recourant plus au sélénium et permettant de transmettre des sujets plus ambitieux que les simples portraits. Il va mettre au point un autre appareil, le Telautograph. 

Si les commentateurs de l'époque ont opposé les apapreils de Belin et de Carbonnelle à celui de Korn, à l'exception du chroniqueur scientifique Henri de Parville, ils ont moins remarqué, les contributions du polytechnicien Jean Courau et d'un ingénieur allemand Eugen Fortong, qui relancent l'idée, déjà formulée par plusieurs auteurs depuis la find es années 1880, de codification d'images découpées en petits carrés. Courau les appelle des verbons, mais c'est déjà notre concept de pixels. Korn commencera à s'intéresser à ce type de méthode - qu'il qualifiera de "méthde statistique" quelques années plus tard et cela débouchera sur ses démonstrations de transmission d'image par voie hertzienne en 1922. 

 

En attendant, c'est The Daily Mirror qui va faire une utilisation plus abondante des transmissions téléphotographiques de portraits venus de Paris.  

Le problème des interférences

Un article d'A.T. (problament le physicien Albert Turpain) publié par La Nature en juillet 1908 et intitulé "Mésaventures téléphotographiques" va donner le coup de pied de l'âne à l'appareil de Korn. Bien qu'il indique que celui-ci fonctionne parfaitement et que des photographies sont envoyées chaque nuit de Paris à Londres, il souligne la fragilité des transmissions. Il indique que celles-ci durent vingt minutes (The Daily Mirror à l'époque, mentionne régulèrement douze minutes pour un portrait) et qu'elles peuvent être interrompues pendant un bref laps de temps, dommageable pour la réception de la photographie, comme l'eavait déjà mis en évidence les raies du portarit du Président Fallières lors de la transmission du 1er février. Des effets de "fritures", provenant de la proximité d'autres lignes, peuvent également perturber la transmission du signal. Paraissant au même moment que l'article de La Nature, un article du Scientific American Supplement met lui aussi en évidence les problèmes de perturbations créés par l'induction avec d'autres messages?

cebemllaud 1_edited.jpg

L'Illustration, 16 novembre 1907

Le Matin 9 11 1907_edited.jpg

Le Matin, 9 novembre 1907

DM 2 11 1907_edited.jpg

La une du Daily Mirror, 3 November 1907.

Korn mésaventuress La Nature 4 mars 1908.jpg
nature 1908 rates.jpg
PZ 1908 2.jpg

Photos illustrant l'article A.T.  "Mésaventures téléphotographiques"La Nature, juillet 1908, pp. 75-78

Effect d'induction. Le transfert voisin d'un message en code Morse a transformé les lignes de la transmission phototélégraphique en lignes et en points.  Source : Scientific American Supplement, 8 July 1908.

André Lange; 13 janvier 2025, modifié le 14 janvier 2025, le 17 janvier 2025, 22 janvier 2025

Amer Supp 1908 b_edited.png
bottom of page